Plus d'un million de familles algériennes vont recevoir, cette année encore, le couffin du Ramadhan. Ce «pack», comportant des produits alimentaires de base -semoule, sucre, huile… -est destiné à «des familles nécessiteuses». Il est distribué par le Croissant-Rouge algérien qui a lui-même d'autres produits à offrir aux pauvres. Cette mission est accomplie depuis bien longtemps par le CRA et les associations de bienfaisance. Ces structures humanitaires ne font que leur travail et c'est normal. Mais ce qui est anormal, par contre, c'est cette obstination du ministère que gère actuellement Djamel Ould Abbès -la personne importe peu- à humilier les Algériens. Car, il faut dire les choses crûment : ce couffin du Ramadhan n'est pas une manière d'aider les jeunes à faible revenu (qu'on n'a d'ailleurs jamais recensé sérieusement) et les démunis mais c'est plutôt la meilleure manière de les humilier. Une manière d'ôter à ces gens -déjà faibles- leur dignité. Le problème dans tout cela est que cela dure depuis des années. Autant de temps nécessaire aux médias et aux associations pour dénoncer cet état de fait. Que dalle ! Personne ne veut écouter. Il y a pourtant mille et une manières d'aider les démunis, choisis sur quel critère ? L'idée la plus répandue étant de verser une somme d'argent dans un compte ou remettre plutôt des chèques, comme cela se fait dans certains pays occidentaux. On peut même distribuer, comme cela est de mise, des bons d'achat. Ces opérations permettent une discrétion qui sauvegarde la dignité humaine. Ce débat sur la solidarité nous mène à une réalité qu'on a toujours voulu cacher : il y a beaucoup de pauvres dans le pays. Il est difficile, en effet, d'établir une ligne de démarcation entre celui qui est pauvre et celui qui ne l'est pas. Mais, selon les critères mondialement connus -moins de 2 dollars par jour- il y a beaucoup d'Algériens inscrits dans cette catégorie. Mais une autre réalité mérite d'être soulignée : les salaires des Algériens sont tellement faibles qu'il est difficile d'avoir une vie décente. On a souvent oublié de souligner que le prix d'un kilogramme de viande est pratiquement égal à 10% du SNMG. Ces vérités sont connues de tous, y compris des responsables du pays. Mais là où le bât blesse c'est lorsqu'un Etat dont le rôle est d'offrir une vie décente à ses citoyens, fait dans l'incitation à l'aumône. Et c'est de cela qu'il s'agit aujourd'hui. Parce qu'un ministère de la Solidarité -que l'Algérie n'a pas inventé- joue le rôle d'accompagner les couches vulnérables de la société, telles que les personnes âgées et sans ressources, les handicapés, mais jamais les citoyens en bonne santé et ayant une activité salariée. Ceux-là ont plutôt besoin d'un bon salaire en contrepartie de leurs efforts. Mieux rémunéré, l'Algérien pourra s'acheter lui-même les produits dont il a besoin, pendant le mois de Ramadhan ou en dehors. A. B.