L'Afrique aux Africains. Cette déclaration du roi numide Massinissa, reprise par l'ancien président Houari Boumediene, finit par perdre, petit à petit, sa signification.Et le sommet qui s'ouvre aujourd'hui à Tripoli, en Libye, ne déroge pas à la règle. Cinquante ans après le mouvement des indépendances, rien ou presque n'a changé : les guerres, les coups d'Etat, la famine et la corruption sont le lot quotidien des habitants du continent.L'organisation panafricaine –qui n'a fait que changer de nom, devenant UA- créée pour synchroniser les politiques des pays du continent noir s'est avérée, au fil des années, n'être qu'une institution bureaucratique dont les décisions ne dépassent pas les salles de conférences et de réunions des chefs d'Etat. Il suffit, en effet, de consulter les bulletins d'information quotidiens pour voir défiler des spectacles des plus désolants : des morts par dizaines et quotidiennement dans le Darfour soudanais, des combats infinis dans plusieurs Etats du Nigeria –pays pourtant riche et grand-, des scènes de guérilla urbaine et de destruction presque massive à Mogadiscio ou encore des coups d'Etat éhontés au Zimbabwe ou, tout récemment, en Mauritanie malgré le semblant de retour à la normale. Et la liste est, malheureusement, encore plus longue. Chaque jour apporte son lot de malheurs. Cela sans parler, bien entendu, de la famine qui menace des pans entiers des populations africaines, y compris dans des pays à l'apparence apaisée, comme l'Ethiopie ou le Kenya. Mais comment une organisation aussi homogène que l'Union africaine peut-elle faire face à tout cela ? L'œuvre n'est, à regarder de près, pas du tout facile, malgré les bonnes intentions affichées par certains chefs d'Etat africains en créant notamment le système d'évaluation par les pairs ou les différents rapports de bonne gouvernance. Mais de quelle bonne gouvernance peut-on parler face à des chefs d'Etat qui ne veulent pas quitter le pouvoir ou s'approprient les richesses de leurs nations. L'exemple est venu cette fois-ci du président sénégalais Abdoulaye Wade qui a revendiqué les revenus de l'exploitation d'une stèle pourtant construite par l'Etat. Ce n'est qu'un petit exemple de la déchéance africaine. C'est juste la suite logique du spectacle que continue d'offrir Mouammar El Kadhafi, au pouvoir sans partage depuis 40 ans en Libye. Bien sûr que l'Occident, puissance occupante d'hier, est en partie responsable de cette situation. Mais ce n'est pas tout. C'est tout cela l'Afrique, en fait. Un continent dont la volonté d'aller de l'avant est contrariée par les pratiques de ses dirigeants ; ceux-là mêmes qui tentent de donner une image de gouvernants exemplaires. A. B.