De notre correspondant à Constantine A. Lemili Grippe espagnole, grippe aviaire, grippe porcine ou… mexicaine. Ne voilà-t-il pas que des pandémies parmi les plus «inquiétantes» sont lancées comme ça dans l'actualité déjà turbulente des citoyens du monde, un monde en crise d'ailleurs, depuis un peu plus de vingt ans et donc jamais remis du krach de 1987. Quoique, à n'en pas douter, celle (grippe) espagnole ait bel et bien en son temps décimé des milliers d'individus, il n'en demeure pas moins que, s'il y a certitude sur le sujet, l'identité qui lui a été, arbitrairement, attribuée est, quant à elle, bel et bien sujette à controverse. Des pandémie et des virus rentables Revenons toutefois aux deux dernières : aviaire et porcine et, sans pour autant oublier la soudaine évaporation de la première après une folle médiatisation, attardons-nous sur la deuxième parce qu'elle est à l'ordre du jour et le restera sans doute jusqu'à ce qu'un autre fléau planétaire vienne assurer le relais comme il y a eu déjà Ebola il y a près de trente ans. Toutefois, les moyens d'information et de communication aidant, les gens ne semblent plus être dupes d'autant que d'autres mouvements sont à chaque fois là pour donner de véritables coups de pied dans la fourmilière. Le 6 mai 2009, l'hebdo satirique le Canard enchaîné écrivait : «Chez Sanofi, on peut se flatter d'avoir eu le nez creux». Le 9 mars, en marge de la visite de Sarkozy au Mexique, la firme pharmaceutique a signé avec les autorités locales un gros contrat de 100 millions d'euros… «pour la construction d'une usine de fabrication de vaccin grippal». Dans un communiqué triomphant, on apprend que cet établissement exploité par Sanofi-Pasteur, permettra de «basculer aisément de la production contre une grippe saisonnière à celle de vaccins contre la grippe pandémique dans l'éventualité où une pandémie de grippe humaine venait à se déclarer». Le journal s'autorisant le commentaire suivant : «Sans vouloir le commander, si le prochain virus pouvait attendre que l'usine soit construite, ce serait mieux pour la santé de Sanofi.» Bien vu ! Qu'est-ce que ce nouvel avatar de la médecine, vulgarisé sous le nom de grippe porcine et plus doctement «influenza» ? Une grippe peut en cacher une autre Il s'agirait d'une maladie respiratoire grave, contagieuse, causée par des virus de la grippe. Rien que ça, comme si la grippe n'existait déjà pas avant et ne tuait pas encore plus que le récent épouvantail agité. D'où par ailleurs la conclusion suivante émise par de nombreux scientifiques à travers le monde : «La souche hybride de la grippe en question, au moins dans sa forme actuelle, n'est pas de nature à être aussi mortelle [sic] que les souches qui ont causé les pandémies précédentes.» Mieux, les mêmes scientifiques enfoncent le clou : «L'actuelle épidémie de virus A(H1N1) pourrait même ne pas faire plus de dommages que les habituelles grippes saisonnières qui se propagent chaque hiver sans tambour ni trompette», mais qui font malgré tout jusqu'à 500 000 morts (statistiques de l'OMS que tout esprit bien pensant ne saurait suspecter de collusion avec ces intérêts privés, notamment dans l'industrie pharmaceutique) sans que nul ne trouve prétexte à parler avec une telle insistance. Alors autant dire : «N'en jetez pas plus s'il vous plaît !». Dans le Los Angeles du 30 avril dernier il était clairement souligné que «la reproduction en modèles épidémiologiques et mathématiques des preuves préliminaires provenant des laboratoires de génétique démontrent que les pires scénarios sont susceptibles de ne pas se produire au cours de l'épidémie actuelle». Quelle grande déception ! Quid alors du tollé général soulevé ? Toutes les supputations sont possibles et les hypothèses vérifiables ou non… susceptibles d'intérêt. A un moment ou à un autre les différentes grandes industries plongent après avoir flirté avec les hauteurs. Tous les moyens peuvent être bons pour les remettre sur orbite. C'est un peu le cas de la vente d'armes et des conflits créés un peu partout à travers le monde. Il y va des intérêts et, surtout, de la survie des complexes militaro-industriels. Il en va de même pour le secteur de l'industrie pharmaceutique. La lutte féroce et implacable qui oppose les grands laboratoires autorise toutes les dérives comme souvent la raison d'Etat autorise des choses abominables. Les laboratoires Roche se sont plantés dans la production du Tamiflu en projetant leurs prévisions en fonction d'une pandémie mondiale qui n'a pas eu lieu, d'autant plus que le laboratoire avait racheté le brevet issu de la recherche publique sans que son efficacité ait été confirmée sur le terrain dès qu'il s'est agi de rattraper le manque à gagner des coûts de production et de sa mévente en affectant ledit produit à la nouvelle pandémie émergente alors qu'il avait déjà développé une résistance à la grippe… aviaire. A( H1 N1) une aubaine pour les laboratoires Cela n'empêchera pas son rebond sur le marché mondial grâce évidemment à la surmédiatisation du virus A(H1N1) et donc la reprise en main du marché du médicament antiviral dont le prix qui avait chuté jusqu'à 7 euros environ rejoignait depuis les cimes pour atteindre 20 euros. Cet effet d'aubaine allait entraîner également l'excitation des titres en Bourse des laboratoires concernés, plus particulièrement ceux auxquels l'OMS a confié la production des antiviraux, à l'image de Roche, Sanofi, Ipsen et Sperian, le fabricant de masques de protection. Comme il y a rarement de la morale là où se trouveraient des intérêts individuels ou groupés, les riches allaient continuer à s'enrichir sur le dos des pauvres, notamment ceux des pays sous-développés, plus concernés, comme par hasard, que le reste du monde par une pandémie qui ne tardera pas à se trouver une autre bizarrerie de substitution. Encore heureux que des associations et des réseaux réputés d'agitation mais aussi les altermondialistes (dont des scientifiques) arrivent, vaille que vaille et peu importe les moyens auxquels ils ont recours, à tempérer les ardeurs des industriels, la complicité des politiques et, enfin, éveiller les consciences des hommes.