Les pouvoirs publics ont-ils réellement atteint leurs objectifs, à savoir créer un nombre adéquat de postes d'emploi, et, par ricochet, faire baisser le taux de chômage qui ne cesse d'augmenter ? Les mécanismes créés à cet effet (l'ANSEJ, la CNAC et l'ANEM) ont-ils, quant à eux, joué leur rôle ? Face aux déclarations officielles et aux analyses controversées de quelques experts, les réponses à ces questions sont loin d'être évidentes. Même le nouveau chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, a laissé entendre que l'un de ces organismes a failli à sa mission. «Le dispositif de l'ANSEJ s'est essoufflé», a-t-il fait remarquer sans ambages. La problématique de recrutement des jeunes chômeurs, nonobstant la place qu'elle occupe au sein des priorités du président Bouteflika, reste toujours une difficulté. Ces derniers temps, au sein du gouvernement, en dépit des chiffres relatifs aux emplois créés, lancés çà et là, un retard immense est actuellement enregistré, en comparaison du nombre de chômeurs, lequel ne cesse de s'accroître. Malgré les 400 000 emplois créés l'année dernière et 420 000 prévus pour l'année en cours, comme l'a annoncé, dans une récente déclaration à la presse, le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, Tayeb Louh. Par ailleurs, quelques experts en la matière se sont accordés à dire que le processus du recrutement en Algérie est bloqué, non seulement par le nombre faible de postes proposés, mais par les méthodes adoptées par les entreprises, et surtout le manque d'entités pouvant jouer le rôle de cabinet d'orientation et d'agence de recrutement, comme cela se fait dans les pays développés. «Pour que le recrutement prenne sa véritable dimension moderne, il serait souhaitable que les pouvoirs publics accélèrent la délivrance d'agréments aux cabinets de recrutement professionnels. Ces intermédiaires sont en mesure de traquer les offres d'emploi et de les satisfaire en proposant les candidats adaptés», nous a déclaré M. El Ouahdoudi, directeur du Salon de recrutement SIRRHA 2008, organisé à la fin du mois de juin dernier à Alger. Même son de cloche chez l'ancien directeur général de la Caisse nationale d'assurance-chômage (CNAC), Mahrez Aït Belkacem, qui a mis en exergue la nécessité d'avoir des conseillers à l'emploi et la présence des systèmes d'accompagnement (coaching, tutorat…). La création des entreprises, le maillon fort pour lutter contre le chômage La lutte contre le chômage n'est guère l'œuvre seule des pouvoirs publics. Faire baisser ce taux, source par excellence des divers fléaux sociaux, nécessite le concours, l'aide et la contribution de plusieurs acteurs activant sur la scène économico-sociale nationale. En d'autres termes, le rôle que doivent jouer notamment les entreprises nationales, aussi bien que les privées, est très important. Celles-ci, peuvent réellement, sans attendre des textes juridiques et des lois adoptés par le gouvernement, prendre en leur sein, des jeunes chômeurs, et surtout les diplômés universitaires. Cependant, le nombre d'entreprises créées, et par conséquent, le nombre de postes offerts, ne correspond pas aux attentes des pouvoirs publics, ainsi que des jeunes chômeurs. Et pour cause, 50 à 70% des entreprises nouvelles «meurent» dans la première année de leur activité. Résultat : des jeunes en chômage au bout d'une année d'activité. Cette problématique, a été encore une fois débattue, ces derniers temps, lors d'une table ronde organisée en marge du salon de recrutement. Ali Harbi, consultant, a fait savoir que le nombre d'entreprises créées, ces derniers mois, est de l'ordre de 15 à 20 000, sans pour autant prendre en ligne de compte les chiffres relatifs à celles ayant été dissoutes au bout de quelque temps. La même source a également soulevé le rythme de création d'entreprise, jugé faible, ce qui demeure à ses yeux, une entrave qui ne permettra, en aucun cas, d'atteindre l'objectif souhaité : la création d'un million de petites et moyennes entreprises à moyen terme. Le rôle de l'université dans la création d'emplois Longtemps laissés pour compte après leur sortie des universités, nos jeunes diplômés ne savent pas à quel saint se vouer. Après des années passées à la «fac », la plupart, diplômes en main, se trouvent devant un double dilemme. Il s'agit, de la quasi-inexistence d'organisme d'orientation et de la mise en contact direct avec les entreprises. Pour ce faire, une louable initiative a été organisée par l'Institut national du commerce (INC). Celle-ci consiste en la mise en contact direct des diplômés avec les entreprises, via une rencontre (forum) de deux jours. Plusieurs centaines de universitaires, CV en main, ont pu discuter avec les représentants des entreprises, aussi bien nationales que privées, pour un éventuel recrutement. Selon les organisateurs de cet évènement, il a été constaté pour la première édition de ce forum tenue l'année écoulée, le recrutement de pas moins de 800 diplômés, juste dans la spécialité commerce. Si, par ailleurs ce genre de rencontre permet, d'une manière ou d'une autre, la création d'emploi chez les universitaires, une question dans ce sens revient sur toutes les lèvres : L'université peut-elle jouer un rôle dans la création d'emplois, en plus de celui qu'elle faisait traditionnellement, à savoir une pépinière permettant la sortie des jeunes avec des capacités professionnelles sanctionnées par des diplômes ? Eu égard des résultats produits, entre autres, par le forum de l'INC, la réponse est plus que positive. En effet, les universités, en plus de leurs rôles classiques, peuventservir d'un lien étroit entre les entreprises et les jeunes diplômés. S. B.