Photo : Riad De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi Pour la rentrée 2009-2010, la décision prise par le ministère de l'Education et le gouvernement en 2008 et se traduisant par «un casier pour chaque élève» du primaire serait en bonne voie à Constantine. Les écoles recevront au fur et à mesure ces tiroirs en vue d'alléger le cartable de l'écolier et, par ricochet, le prémunir contre une éventuelle mauvaise conséquence : la scoliose ! Une déformation de la colonne vertébrale générée, dans bien des cas, par le poids du cartable. D'ailleurs, la directive ministérielle a été actionnée sous l'influence de plusieurs parties : fédération, médecins… Mais est-ce suffisant ? Les reforme du système scolaire se poursuit La réforme du système scolaire connaît une évolution incessante en Algérie. Chaque rentrée apporte son lot de changements émanant, bien évidemment, des directives de Benbouzid, en concertation avec les cercles de l'éducation. Ainsi, l'année 2009-2010 verra l'entrée en vigueur, en plus d'un nouveau volume horaire estimé alléger les cours, de la mesure ministérielle prise le 23 juin dernier et qui fixe les couleurs du tablier dans les trois paliers de l'enseignement. A ce propos, on serait en mesure d'avancer que les innovations se succèdent sans logique. Sinon en cumul. Au risque de brûler les étapes. En 2008, le ministre annonçait que toutes les classes seraient dotées de casiers afin d'alléger le poids du cartable. Cette idée se concrétisera dans toutes les écoles primaires algériennes à l'horizon 2010. Cependant, l'année dernière, les élèves avaient continué de porter leurs sacs bourrés de manuels. mieux vaut tard que jamais ! Pour la rentrée qui s'annonce, le service des équipements, affilié à la direction de l'éducation de Constantine aura finalisé la première tranche de la commande. Elle se traduit incessamment par la distribution de 500 armoires à la mairie, qui, de son côté, les remettra aux écoles primaires. «Nous avons opté pour les armoires car c'est plus pratique. Chacune comptera 9 casiers», devait dire le responsable du service programmation et suivi (SPS), M. Challel en l'occurrence. Toutefois, il s'avère que ce nombre ne couvrira pas les 358 écoles existant à travers la circonscription. «Ce n'est qu'une première étape dans ces acquisitions. Toutes les écoles en bénéficieront prochainement, comme cela avait été décidé par la tutelle. Notre organisme dispose d'un budget suffisant inhérent à cette opération», rassure le responsable. Du moins, la promesse faite l'année écoulée sur la mise en place d'un casier pour chaque élève aura un peu tardé à voir le jour dès lors que la majorité des établissements scolaires étaient occupés par la réfection des sanitaires et du chauffage. En fait, c'est une révolution à vitesse grand «V» que connaissent les écoles en matière de restauration et de réhabilitation, ce qui aurait retardé la généralisation des casiers. De plus, les délais de réalisation butent parfois sur la problématique des entreprises, peu efficaces dans le respect des délais de réalisation des travaux. Les casiers, la solution pour alléger les cartables La décision de doter chaque classe de casiers n'est pas le fait d'un pur hasard ou d'une simple réflexion. Elle vient répondre à l'urgence. L'urgence de veiller à la santé des élèves, notamment ceux du cycle primaire. La sonnette d'alarme déclenchée par les parents, médecins et, parfois, par les associations se voulait une incitation au débat, voire une interpellation du département du secteur de l'éducation en vue qu'il se penche sur les dangers encourus par le port d'un cartable lourd. Ainsi unanimes, les plaignants ont mis l'index sur le danger que peut engendrer cette situation contraignante sur la santé des élèves, notamment dans le cycle primaire. Pourtant, le risque est bien là. La scoliose menace les enfants. Cette pathologie, qui affecte la colonne vertébrale, aura été, à maintes reprises, évoquée par la corporation médicale en rapport direct avec le milieu scolaire. Pour rappel, en 2008, le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière avait lancé un programme national de dépistage de la scoliose en milieu scolaire, impliquant notamment les médecins activant au niveau des unités de dépistage scolaire (UDS). Une façon de les sensibiliser à l'ampleur de cette maladie et par là même recenser les enfants atteints en vue d'une prise en charge immédiate. Il faut savoir que l'Algérie enregistre une prévalence avoisinant les 2,3%. Si la plupart des cas scoliotiques sont de diverses origines comme le soulignent les spécialistes, il n'en demeure pas moins que le port d'un cartable lourd pourrait provoquer l'apparition de symptômes scoliotiques. Ce qui requiert une prise en charge rapide. Toutefois, dans les pays développés qui ont cerné ce problème il y a des années, des spécialistes remettent en cause le dépistage en milieu scolaire du fait de son inefficacité car, estime-t-on, «il n'est pas effectué par les praticiens de la colonne vertébrale, au contraire ce sont des généralistes qui le font», corroborant leur thèse. Haro contre les sacs à dos «La scoliose appelle des chiropraticiens qui éduquent les jeunes patients sur la manipulation sécuritaire du sac à dos et bien d'autres méthodes relatives à la pratique durant la scolarité.» Sous un autre angle, l'appel à des spécialistes est motivé par le fait que la méthode dans le dépistage qui utilise «le test d'Adam [flexion avant du tronc]», comme le qualifie la médecine, ne filtre pas un nombre assez important de cas. Ce risque, atteste une étude récente, est encore grand si ce test est utilisé comme seul moyen de dépistage en milieu scolaire. En définitive, la sensibilisation demeure le seul moyen efficace pour prémunir les élève contre cette pathologie. La médecine scolaire avec le concours assidu de la direction de la santé et du CHU forme l'alliance forte de détection de cas dans les temps. Quant aux casiers introduits dans chaque classe, ils ne règleraient qu'une partie du problème. Et c'est déjà une contribution pour préserver sans courbure la colonne vertébrale des élèves.