Aujourd'hui, Internet fait partie du quotidien d'un grand nombre d'Algériens. Au fur et à mesure des années, l'accès à la Toile s'est démocratisé et l'utilisation du Web s'est vulgarisée, y compris dans les régions intérieures du pays. Pour preuve, les cybercafés prolifèrent aux quatre coins de l'Algérie. Les Algériens se connectent sans aucun complexe. Or les spécialistes l'ont souligné à maintes reprises, si les adultes entretiennent avec Internet un rapport essentiellement fonctionnel, il n'en va pas de même des adolescents et des enfants. Force est, en vérité, de constater que les jeunes Algériens sont en train d'inventer une nouvelle culture numérique, dont les codes leur sont spécifiques. Derrière leur écran et grâce à leur clavier magique, ils se jouent des identités, des savoirs, de l'orthographe et des autres. La jungle technologique est devenue leur terrain de jeu favori. Les jeunes y passent un temps infini, ce qui inquiète les parents et interroge la société. Cet aspect de l'Internet dans le jeu d'identité et de la personnalité est centralisée dans le «chat», dérivant du verbe familier tchatter qui veut dire «faire la cour», «draguer», ou encore «séduire». De nombreuses enquêtes sociologiques réalisées récemment ont fait parler des jeunes à ce sujet. Ces derniers avouent s'y être déjà essayés au moins une fois car 95% d'entre eux avouent se connecter sur le chat chaque fois qu'ils se connectent à Internet. Le «chat» est en fait un canal de discussion offert par de nombreux sites (drague.net, tchatche.com, etc.). Il met en contact des internautes connectés aux quatre coins du globe. C'est un moyen efficace de se faire de nouvelles relations et, ainsi, d'élargir son cercle d'amis. Pour preuve, au moins 86% des jeunes gens questionnés au cours de ces enquêtes sociologiques assurent compter parmi leurs amis au moins un qui vient d'Internet ! Cependant, malgré le rôle majeur que joue Internet dans les relations sociales qu'il renforce, une grande inquiétude subsiste quand à son impact sur la personnalité de ces jeunes férus du Web. Plusieurs spécialistes expliquent à ce propos que les jeunes ont «investi des machines à communiquer avec un tel engouement que cela modifie leur être social, et aussi leur psychologie». L'Internet a en effet de plus en plus d'influence sur les jeunes dont il modifie la personnalité. En effet, à travers le chat, les jeunes se forgent une nouvelle personnalité, une fausse, se piégeant entre eux. Aujourd'hui, on parle même de «cyberconvivialité», cette forme de relation entre internautes, et qui libère, d'après les spécialistes de la cyberculture, des conventions de la sociabilité réelle, leur permettant ainsi de devenir autre. C'est à partir de ce stade que se pose un problème quant au rôle d'Internet dans les relations sociales. En effet, n'est-ce pas un risque considérable que la création de nouvelles personnalités qu'offre Internet et qui libère le jeune de la sociabilité réelle ? Il est à craindre, qu'à la longue, le jeune ne devienne dépendant du Net et incapable de s'affirmer au sein de la société, en dehors d'Internet. La création d'une personnalité virtuelle inquiète en raison de ses représentations et de son contexte : le virtuel est aujourd'hui dans le monde de l'information et peut être dangereux, utilisé par exemple comme falsification du réel. Les jeunes n'hésitent pas à intégrer ces images virtuelles dans le quotidien, et donc se confrontent à une réalité qu'ils perdent de vue. Dès lors se pose le problème d'un internaute qui deviendrait incapable de relations en dehors du Web, problème soulevé par de nombreux psychologues, et qui inquiète même les partisans de la cyberculture.Il est clair qu'en matière de relations sociales, non seulement Internet offre une nouvelle dynamique sociale, mais en même temps, en raison des différentes possibilités qu'il offre, il peut constituer un frein à cette dynamique en enfermant le jeune dans un isolement pathologique. C'est cette réalité dont souffrent aujourd'hui des milliers de jeunes et d'adolescents. En passant leurs journées «scotchés» à leur écran, ces derniers se sont enfermés dans un univers virtuel auquel les parents ne comprennent absolument rien. «Mon fils ne quitte plus son ordinateur alors que ses résultats scolaires sont déplorables ; il vient à peine prendre son repas avec nous ! Il ne cherche même plus à nous parler. Internet et ses jeux en réseau l'ont complètement absorbé». Ces phrases angoissantes on les entend désormais chez beaucoup de parents désemparés face à «la solitude cybernétique» de leurs enfants. C'est dire enfin si l'Internet représente le nouveau fossé qui sépare les parents de leurs enfants. Un fossé de plus… A. S.