Echec, déroute, participation décevante… Les qualificatifs ne manquaient pas au lendemain de la participation algérienne aux 12es Championnats du monde d'athlétisme qu'a abrités la capitale allemande du 15 au 23 août dernier. Dans les journaux, les articles virulents étaient légion. Pour d'aucuns, les résultats obtenus par les athlètes algériens lors de ce grand rendez-vous mondial attestaient de manière tangible la décadence de cette discipline qui, en d'autres circonstances, avait procuré beaucoup de satisfactions à notre pays. Qu'il semble bien loin le temps où le tandem Morceli-Boulmerka brillait de mille feux lors des épreuves du 1 500 mètres organisées lors des Championnats du monde et des grands meetings ! A la veille de ces championnats de Berlin, et rien qu'au vu du nombre d'athlètes algériens appelés à prendre part à ce grand événement sportif mondial (4 athlètes), il apparaissait d'emblée que les résultats allaient être quelconques. Les observateurs ont relevé que, comparativement à l'édition d'Osaka (2007), où la présence de 10 athlètes avait été enregistrée, celle de Berlin a vu les Algériens passer presque inaperçus tant ils étaient très peu nombreux. Bien sûr, il y avait la blessure de Nadjim Manseur, spécialiste du 800 mètres, lequel avait déclaré forfait en raison de «douleurs aux mollets», comme précisé par la Fédération algérienne d'athlétisme (FAA). Mais, même si cet élément avait pris part à ces championnats, les données n'auraient certainement pas été différentes pour la délégation algérienne. Les mêmes observateurs, auxquels nous faisions allusion tout à l'heure, ne se sont pas empêchés d'évoquer nos voisins marocains qui, faut-il le rappeler, ont aligné pas moins de trois athlètes lors de la finale du 1 500 mètres ! C'est dire le travail qui reste à faire pour prétendre pouvoir au moins s'affirmer sur les plans régional et continental. Comme lors des jeux Olympiques de Pékin, le 1 500 m algérien a échoué à Berlin. Il a montré ses limites. A l'heure actuelle, prétendre rivaliser avec l'impitoyable concurrence propre aux grands rendez-vous mondiaux de l'athlétisme est une utopie. Pour se frayer une place honorable dans le gotha mondial, il va falloir assurément se lever très tôt. Malgré les bourses octroyées à certains athlètes, en vue de préparer les échéances internationales comme les Mondiaux de Berlin et les Jeux méditerranéens de Pescara, les résultats ne suivent pas. Pour en revenir à cette participation algérienne, et même si l'unanimité est acquise du fait que Antar Zerguelaine et Tarek Boukensa sont des athlètes «respectables» sur le circuit mondial (ils ont enregistré des chronos de 3'31''/3'32''), il n'en demeure pas moins qu'ils n'arrivent pas à s'imposer lorsque les rythmes de la compétition sont soutenus comme c'est le cas lors de manifestations du calibre des Championnats du monde. Il y a lieu de rappeler que, pour ces deux athlètes, l'objectif, à la veille de la compétition, était d'arriver en finale. Ce ne fut malheureusement pas le cas même si Antar Zerguelaine bénéficie, sommes-nous tentés de le dire, de «circonstances atténuantes» dans la mesure où il a été victime d'une bousculade (c'était si violent que Zerguelaine était complètement sorti de la piste) alors qu'il ne se trouvait pas très loin de la ligne d'arrivée. Lors de cette course, on s'en souvient, c'est finalement le Kényan Kiprop qui est arrivé en première position avec un chrono de 3'41''42. Ainsi, Zerguelaine et Boukensa auront raté l'occasion de sortir de l'anonymat. Une place sur le podium les aurait assurément fait plus connaître à travers le monde. Tout compte fait, c'est Toufik Makhloufi, 21 ans (le plus jeune des athlètes présents), qui a su quelque peu tirer son épingle du jeu. Au départ, ce dernier, dont l'entraîneur n'est autre que Amar Brahmia, avait le rôle de «sparring-partner». Même s'il n'a pas réussi à se qualifier pour la finale, il a pu terminer la course, dans la seconde série, à la neuvième place avec un temps de 3:37.87, réussissant à se qualifier pour les demi-finales. C'était suffisant pour faire dire aux responsables de la fédération que cet athlète a pu atteindre l'objectif tracé au départ. Pour justifier les mauvais résultats réalisés en terre allemande, d'aucuns mettent en avant les blessures contractées, à la veille du départ vers la capitale allemande, des athlètes Boukensa, Zerguelaine et Manseur. Mais cet argument ne tient pas la route dans la mesure où le contrôle médical effectué par un professeur de renom s'est avéré rassurant. D'ailleurs, quelque temps après cet incident, les 3 athlètes ont rejoint directement le camp d'entraînement de Tikjda. Outre Mekhloufi, il y a lieu de relever la belle prestation de Larbi Bouraada. Ce dernier s'est classé à la 13e place (sur un total de 33) de l'épreuve du décathlon avec, est-il nécessaire de le préciser, un nouveau record d'Afrique. La performance de cette athlète est d'autant plus remarquable qu'il en était à sa première participation à un Championnat du monde d'athlétisme. Tout comme Mekhloufi, Bouraada, 21 ans, a tout l'avenir devant lui. Il ne lui reste qu'à améliorer ses performances sur les lancers. En guise de perspectives d'avenir, il est plus que vital d'accorder un plus grand intérêt au travail fait à la base. Ce n'est qu'à ce prix que l'athlétisme algérien retrouvera ses lettres de noblesse. Les talents existent. Ils n'ont besoin que de suivi et d'encadrement. B. L.