Malgré les incessantes mises en garde des médecins concernant les risques des circoncisions collectives, celles-ci continuent à être organisées dans l'anarchie totale par certaines associations de bienfaisance au profit des couches démunies, traditionnellement la veille du 27e jour du Ramadhan. En dépit de l'instruction ministérielle du 5 juin 2006 -soit après le drame des enfants mutilés d'El Khroub- qui limite ce type de pratiques aux seules structures chirurgicales et aux chirurgiens et qui interdit toute chirurgie en dehors du cadre sanitaire, les circoncisions collectives ont bien lieu chaque année particulièrement durant le mois sacré. Souvent dans des conditions précaires qui mettent en danger la santé physique et mentale de l'enfant. Mais pour le conseil de l'Ordre des médecins, la circulaire ministérielle n'a pas mis fin aux dépassements. Elle n'a fait que compliquer davantage la situation. Le président du conseil de l'Ordre des médecins algériens, M. Mohamed Bekkat Berkani, a appelé le ministère de la Santé à réviser sa décision de limiter les circoncisions aux seuls chirurgiens. Selon lui, la circulaire ministérielle du 5 juin 2006 n'a pas raison d'être : «En tant que conseil de l'Ordre, nous ne sommes pas d'accord avec cette circulaire qui dit que seuls les chirurgiens sont habilités à réaliser les circoncisions», nous a indiqué le docteur Bekkat. «Réserver les circoncisions aux chirurgiens ne fait qu'embouteiller les hôpitaux. Le chirurgien a autre chose à faire», ajoutera notre interlocuteur, qui précisera que l'Algérie ne dispose pas suffisamment de chirurgiens. «Les mobiliser pour une opération banale telle que la circoncision est irréfléchi», laissera-t-il entendre. Pour lui, «un médecin généraliste est tout à fait habilité à réaliser la petite chirurgie dans la mesure où toutes les conditions sanitaires sont respectées». «Jusqu'ici, les médecins généralistes ont toujours pratiqué ce type d'opérations, sans que cela présente un quelconque danger», a-t-il affirmé. En revanche, le docteur Bekkat a dénoncé les circoncisions de masse qu'il a qualifié d'abattage collectif, rappelant le scandale d'El Khroub qui ne doit, selon lui, en aucun être réédité. «Il est regrettable de voir des circoncisions collectives se pratiquer dans des mosquées et dans des lieux en dehors du cadre sanitaire et qui ne répondent nullement aux conditions sanitaires requises, ce qui est tout à fait anti-déontologique», soulignera-t-il. Les campagnes de circoncision collectives sont souvent organisées de façon anarchique, et les risques d'infection encourus, notamment à cause d' instruments non stérilisés ou de matériels inadéquats, sont énormes, provoquant de graves complications. Les enfants en restent traumatisés. Comme en témoigne le tristement célèbre scandale d'El Khroub, les drames d'enfants mutilés, voire émasculés, sont souvent enregistrés lors de ces campagnes de circoncisions collectives où un grand nombre d'enfants sont circoncis à la chaîne, dans des conditions qui ne répondent à aucune norme médicale ou sanitaire. A. B.