Un simple échantillon d'ADN pourrait venir à bout d'une souffrance qui dure depuis des mois pour certaines familles ; depuis des années pour d'autres. D'un côté, il y a des centaines de corps sans vie dans les morgues de la rive nord de la Méditerranée. De l'autre, sur la rive sud, autant de familles pleurent leurs enfants qui ont tenté la harga et disparus depuis. Faire le lien entre les deux paraît tellement évident. Pas pour tout le monde. La science a évolué, seule l'âme humaine est restée la même. Entre vouloir et pouvoir, les données ce sont inversées. De nos jours, ce que peut simplifier la science est, parfois, empêché par la volonté des uns ou des autres. En Europe, des tests ADN pour déterminer la paternité sont proposés par simple courrier. A raison de 200 euros et en moins d'une semaine les résultats parviennent au demandeur. Il suffit à ce dernier d'envoyer un échantillon de cheveux, de sang, de sperme ou des mégots de cigarettes du père et de l'enfant. Les laboratoires se targuent d'avoir des résultats fiables à près de 100%. Ces avancées scientifiques ne semblent pas profiter à tous. En Algérie, des familles entières souffrent et ne trouvent pas de solution à leurs malheurs. Leurs proches sont partis tenter la mer. Ils n'ont plus donné signe de vie. Depuis, ces familles sont en quête de n'importe quelle information sur les leurs. Sont-ils vivants, emprisonnés ou asservis ? S'ils sont morts qu'est-il advenu de leurs dépouilles ? Les parents les pleurent et ne savent plus à quel saint se vouer. A qui s'adresser ? Les mouvements associatifs naissent et se dépatouillent dans ce bourbier où les parents sont accusés de laxisme et les haragas de délinquants. C'est bien fait pour eux !, a-t-on presque l'impression d'entendre. La Fédération européenne des associations algériennes (FEAA) tire encore une fois la sonnette d'alarme. La même que celle de l'année dernière. Car, depuis, rien n'a évolué. Malgré le renforcement de l'arsenal juridique faisant du candidat à l'émigration clandestine potentiel prisonnier, le durcissement du contrôle aux frontières, le transfert de certains dossiers inhérents à la problématique du ministère des Affaires étrangères à celui de la Solidarité, la harga existe toujours. Noureddine Belmeddah, président de la FEAA, annonce, encore une fois, que des centaines de corps sont en attente d'identification dans les morgues espagnoles. Il affirme qu'aucune dépouille n'a été incinérée, «pour des raisons d'ordre purement économique. Car, inhumé c'est moins cher que brûler», insiste-t-il. M. Belmeddah demande aux autorités publiques d'offrir aux familles la possibilité d'effectuer des tests ADN et de les envoyer pour comparaison. Mais rien n'est fait. Une banque d'ADN était même prévue il y a un an. Mais, depuis, rien n'a été fait. Que faire ? Est-il si compliqué de rafraîchir le cœur meurtri d'une mère qui languit son fils. Une maman qui, à quelques jours de l'Aïd, voudrait simplement se recueillir sur la tombe de son fils. S. A.