De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi Les élèves peinent à se vêtir en rose et en bleu. L'Union des commerçants et artisans algériens trouve «précoce» l'application de la décision de Benbouzid. «Où est-ce que je vais acheter une blouse rose pour ma fille ? J'ai pratiquement sillonné tous les points de vente, en vain. Je pense que M. Benbouzid n'a pas jaugé le marché et s'est engagé dans un marketing qui le dépasse. En plus, le coût d'un tablier de piètre qualité est passé de 450 à 850 DA», devait marteler une femme aux alentours des magasins. C'est ainsi que la rentrée scolaire, promise en port obligatoire de tabliers, rose pour les filles et bleu pour les garçons, aura été compromise. C'est un constat. Il fallait être au rendez-vous pour apercevoir la disparité «pêle-mêle» ayant caractérisé la palette édictée par le ministère de l'Education nationale. Au préalable, devrions-nous dire, que le pari n'a pas réussi au secteur de l'Education, notamment dans cette directive intervenant à quelques mois seulement du coup d'envoi des cours. Les parents d'élèves ne savent plus où donner de la tête pour se procurer ces couleurs absentes sur les étals. Pour l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCA), cette décision relève de l'impossible dans la mesure où les fabricants et autres fournisseurs ne peuvent, en l'espace de deux mois, réaliser plus de 8 millions de blouses ! Du moins, c'est une disculpation modérée envers des commerçants défendus par leur union quant à l'éventuel spectre de la spéculation. «La tutelle aurait dû prendre attache avec l'UGCAA pour entrevoir un marché en commun qui associe grossistes et fournisseurs affiliés à notre organisme», déclare le porte-parole de l'union M. Hadj Tahar Boulanouar et de poursuivre : «Dans ce cas, une feuille de route est engagée et répond aux besoins de chaque wilaya avec, bien évidemment, le concours des directions de l'éducation réparties à travers le territoire. Chacune d'entre elles devait accoucher d'une liste prévisionnelle». Sur un autre plan, notre interlocuteur n'écarte pas, à travers ce rush vers les blouses imposées, une occasion donnée à des spéculateurs. En d'autres termes, la directive, se voulant être engagée à la hâte, aura déplumé au passage le consommateur en raison de la rareté du produit. Un manque qui est imputé non seulement à la forte demande, mais aussi en raison de l'indisponibilité du tissu dans ces deux couleurs. «Pour acquérir de telles quantités il faut faire activer la machine de la commande en temps opportun. Que ce soit auprès des industriels locaux ou étrangers», explique Boulanouar, «critiquant» dans la foulée cette mesure, laquelle a, selon lui, lésé les grossistes activant dans le domaine des effets vestimentaires scolaires. «Nous avons reçu beaucoup de plaignants. La plupart d'entre eux, habitués à l'approvisionnement des mois avant la rentrée scolaire, verront désormais gelés leurs tabliers non conformes aux couleurs.» Allant plus loin dans sa vision, l'UGCAA propose la mise vigueur de cette mesure au 2e trimestre afin de permettre aux opérateurs qui seraient intéressés par cette fabrication de confectionner des quantités suffisantes. Qu'en dira la direction du commerce ? En somme, les établissements à Constantine ne parviennent pas à s'adapter avec la palette «bi color» initiée par Benbouzid. Ils cherchent des solutions simples, quitte à voir les blouses «maculées» de rose et de bleu juste pour ne pas congédier les élèves… La tutelle qui aurait réussi son pari dans le manuel scolaire et les bourses devrait enclencher une réflexion sur le marketing des blouses. Il suffit de choisir le bon confectionneur ou importateur !