Photo : Riad Par Wafia Sifouane Ils sont présents un peu partout, sur nos écrans de télévision, dans nos théâtres et au cinéma. Ce sont autre les jeunes comédiens bourrés de talent, pétillant et pleins de fraîcheur qui apportent un nouveau souffle à la scène artistique algérienne. Ils innovent, osent des nouveautés, imposent leur jeu et font même de l'ombre aux anciens. Qu'ils soient professionnels ou amateurs, ils se distinguent par une volonté de fer ; avancer, tout donner est leur devise. Durant le mois de Ramadhan, les téléspectateurs n'ont sans doute pas raté le jeune Mohamed Bouchaïb dans le rôle d'Arezki alias Aristote dans la sitcom Djemaï Family. Après un rôle fracassant dans le film Mascarade qui lui a valu le prix du meilleur espoir masculin décerné par l'académie des Lumières, il a fait rire toute l'Algérie avec son cynisme et son délire philosophique dans Djemaï Family. Il a brillé en s'appropriant un personnage complexe, le tout en étant très crédible. Mais son succès revient sans doute à Lyes Salem, le jeune réalisateur qui l'a propulsé dans le monde de l'art. Il a été la surprise de l'an 2008 avec son film Mascarade qui a raflé divers prix prestigieux. De l'autre côté, Tarek Teguia avec Gabla (In Land), tourné dans un style relativement nouveau, a énormément plus au jury du Festival du film de la Mostra de Venise. Mais son film a été, malheureusement, reçu froidement par les médias algériens. Il a suscité de nombreuses critiques et parfois de la part de journalistes qui n'avaient même vu le film dans son intégralité. En fait, la critique a exprimé ce réflexe de rejet qu'on développe devant l'inédit, l'avant-gardiste, le nouveau, le jamais-vu, en l'absence d'un esprit ouvert à la découverte. L'année dernière fut aussi une année de gloire pour le jeune réalisateur Khaled Benaïssa, lequel, grâce à son court métrage Sakatou, a décroché le Taghit d'or. Autre révélation 2008, le réalisateur Malek Bensmaïl avec la Chine est encore loin, une œuvre qui s'est penchée sur le quotidien d'une région des Aurès, charmant ainsi le monde entier. Par ailleurs, au vu de toutes ces vieilleries qu'on dépoussière pour les rediffuser pour la énième fois, il serait temps, enfin, de libérer le champ au profit de ces innovateurs afin qu'ils puissent nous faire rêver et découvrir de nouveaux talents, genres et styles. Sur les planches du théâtre, les jeunes sont aussi présents en force ; ils constituent la majorité des castings. Des révélations sont apparues cette année, à l'instar de Dalila Nouar dans la pièce Noun. Cette jeune fille a joué un rôle audacieux, celui d'une meneuse de danse dans un cabaret, et pour lequel elle a reçu le prix de la meilleure interprétation féminine lors du FNTP 2009. A ses côtés, dans la même pièce, Abdelkader Djeriou a épaté la foule en interprétant le rôle d'un jeune débile mentale. Amin Maissoum, Mourad Oudjit, Djamel Teyar, Mostapha Sofrani, Farid Cherchari ou encore Souad Djenati dans la pièce Louham, sont des jeunes comédiens dont le futur semble prometteur. On notera également une véritable foi en ce qu'ils font, n'hésitant pas à se documenter, écrire des pièces et les monter parfois sous les yeux vigilants des anciens. La relation entretenue entre les deux générations est faite de partage mais surtout de compréhension. Sachant bien que les anciens ont une idée fixe, ils se laissent quand même guider par les jeunes animés d'une grande volonté. D'ailleurs, certains directeurs de théâtre l'ont compris depuis bien longtemps, laissant les portes ouvertes aux jeunes et leur prodiguant des conseils précieux. En outre, la scène artistique algérienne regorge de nouveaux talents qui n'aspirent qu'à être reconnus ou tout simplement avoir un espace d'expression libre. Certains mènent ce combat au moment où d'autres, plus chanceux, ont déjà trouvé des parrains. Si, dans le domaine du 4ème art, le conflit de générations fait partie du passé (peut-être même qu'il n'a jamais existé vu qu'au le théâtre les jeunes se mettent initialement sous la coupe des anciens), dans le monde du 7ème art, des progrès sont souhaitées. Si certains réalisateurs n'hésitent pas à lancer la carrière de jeunes comédiens, d'autres préfèrent rester dans l'ancienne génération pour éviter de prendre des risques. Des risques nécessaires pour effacer cette image du déjà-vu qui caractérise la majorité des productions algériennes.