Photo : Riad Par Ali Boukhlef Le garde des Sceaux ne joue plus avec la dignité des prisonniers et crée une inspection pour cela. En marge d'une visite «inopinée» qui l'a conduit, hier, au centre pénitentiaire d'El Harrach, Tayeb Belaïz a annoncé que quatorze gardiens de prison ont fait les frais des dépassements commis sur les prisonniers. Cela confirme, si besoin est, que l'affaire connue désormais sous le nom de la prison de Blida (en référence à l'agression d'un détenu par un agent de sécurité de la prison) n'est pas unique. Et dans cette affaire de Blida, précise le ministre de la Justice, il s'est avéré que «l'agent a giflé le prisonnier» et il est sous contrôle judiciaire en attendant d'être condamné. Si cette décision est prise, indique le ministre aux journalistes à l'issue d'une visite marathon de plus de deux heures dans les différents paliers de la célèbre prison, c'est parce que «je ne tolèrerai aucun dépassement ni une atteinte à la dignité des prisonniers», a dit Belaïz, tout en annonçant la création d'une inspection spéciale pour le respect des conditions des détenus. «J'ai dit aux fonctionnaires : le prisonnier doit être privé uniquement de sa liberté, mais jamais de sa dignité», a-t-il asséné tout en éludant l'existence de centres de torture secrets. «L'existence de ces centres n'est que dans l'imaginaire de ceux qui véhiculent ces informations», a rétorqué le garde des Sceaux en réponse à une information portant sur une supposée existence de centres de torture dans le Sud. Concernant la visite d'hier, le ministre la veut «inopinée». Sauf que les préparatifs des responsables de l'établissement ne convergent pas forcément vers le caractère «surprise» de la virée ministérielle. Cela dit, la peinture fraîche ne semble pas avoir été refaite pour l'occasion. Mais c'est le cas, apparemment, de la salle des sports –un grand gymnase qu'envieraient même les personnes libres. «La salle n'est jamais ouverte», affirme un détenu «obligé» de pratiquer du sport avec un matériel sophistiqué. «On nous a réveillé tôt les matin pour nous ramener ici. Même la douche a été nettoyée la matinée même», affirme ce jeune de 30 ans, la barbe hirsute («on ne me laisse pas me raser quand je veux», dit-il) qui a encore un an de prison à faire «pour un vol qui je n'ai pas commis» et attend d'être condamné pour une affaire de «vente de drogue» alors que «je ne suis qu'un petit consommateur». Cette situation édulcorée en prison est confirmée par un adolescent qui a indiqué qu'ils ne sont autorisés qu'à jouer au «baby foot» alors qu'ils n'ont vu les tables de tennis qu'à l'occasion de la visite du ministre. Quoi qu'il en soit, Tayeb Belaïz se dit satisfait même s'«il reste encore à faire». A. B. «La Libye a fait ce qu'il faut faire» Tayeb Belaïz ne partage pas forcément les déclarations de Farouk Ksentini, président de la Commission nationale consultative pour la promotion et la protection des droits de l'Homme qui a accusé les Libyens d'avoir torturé des prisonniers algériens. «Farouk Ksentini est libre de dire ce qu'il veut. Moi, je représente une autorité officielle. Et à ce titre, je dois avouer que les autorités libyennes, à leur tête le colonel Kadhafi, ont fait des efforts énormes en vue de la libération des prisonniers algériens. Ce n'est pas évident de faire libérer des condamnés à mort, mais les Libyens l'ont fait en graciant 30 personnes en 2008, 36 autres en janvier 2009 et 33 cette fois-ci», a notamment indiqué le garde des Sceaux qui ajoute qu'il ne reste pas beaucoup de prisonniers algériens en Libye. «Ce sont notamment des gens en attente de jugement», a-t-il précisé.