«Ramadhan ou pas Ramadhan, c'est kif-kif. Les jeunes ici n'ont pas quoi faire ni où aller pour occuper leur temps libre. Il y a le café, la télé et les DVD. Mais à la longue, on se lasse de tout ça, et on aimerait avoir autre chose, des spectacles, de l'ambiance… que ce soit un peu plus vivant, quoi !» «Plus vivant». Par opposition, le quotidien de ce jeune habitant de Draria, à une demi-douzaine de kilomètres à l'ouest d'Alger, est donc «mortel». C'est le même quotidien de toute une jeunesse, à l'est, à l'ouest, au sud et dans Alger même. Au nord, c'est l'eldorado qui fait rêver ces jeunes au point que certains misent leur vie pour l'atteindre. Ce que dit ce jeune est connu, su, déjà entendu et déjà vu. La télé a plus d'une fois montré et la radio a maintes fois fait parler ces groupes de jeunes désœuvrés adossés à un mur et bayant aux corneilles ou attablés dans un café qui disent le désert culturel que vit leur petite ville ou leur village.A quelques nuances près, les jeunes d'Ouled Fayet, Baraki, Les Eucalyptus, Souidania, Baba Hacène, Douéra ou tous ces villages ceinturant les grandes villes disent la même chose que le jeune de Draria et tous ces jeunes habitant ces pseudo-villages alentour de la capitale. Car, en fait, ce ne sont plus des villages. L'extension urbaine a transformé ces villages en petites villes, mais en termes de densité démographique et urbanistique seulement. Ils ont tous les inconvénients de la ville sans en avoir les avantages, en premier lieu les infrastructures et les acteurs qui pourraient prendre en charge l'animation et la distraction. Quant au reste, c'est une véritable révolution urbanistique, architecturale et environnementale qu'il faudra pour que ces carnages urbains redeviennent de véritables villes satellitaires, avec leur mobilier urbain, leurs espaces verts, leurs aires de jeux… H. G.