Si la rentrée en termes de calendrier est essentiellement marquée par des préoccupations lourdes pour la majorité des Algériens, c'est qu'il y a des fonctionnements au niveau social, pour la qualité de la vie, à revoir et à huiler. La rentrée scolaire qui charrie les mêmes problèmes depuis des décennies est, elle aussi, essentiellement d'ordre culturel. Les bancs de l'école, les premiers contacts avec des lieux destinés au savoir, à la connaissance, au vivre ensemble au-delà du sexe, des origines sociales et du niveau de vie de familles, diverses, différentes, selon la fortune des uns et le dénuement des autres. La première rencontre, qui peut s'avérer déterminante pour l'avenir de l'écolier à l'âge adulte, se passe dans la classe, La cour de récréation, avec les enseignants, l'urbanisme, le confort et le climat de l'institution scolaire. Il y a de belles écoles avec toutes les commodités qui génèrent le plaisir, la joie d'y retourner chaque jour et après les grandes vacances où le petit retrouve des visages amis et un environnement agréable, sécurisant. C'est l'apprentissage culturel de la relation avec les autres, avec la figure séduisante de celui qui dispense les secrets de la nature, l'amour du livre, du beau, du dialogue et de la tolérance. On a tout dit et écrit sur l'école algérienne, ses réussites, ses dérives parfois destructrices et monstrueuses pour de jeunes esprits malléables qui n'ont pas toujours un environnement familial, économique et culturel propice au développement humain, à l'éclosion de talents, éventuellement de génies dans tous les domaines. Le conflit est toujours le même. La qualité ou la quantité ? L'idéal serait, bien entendu, de concilier les deux, et c'est ce que recherchent aussi les grands pays développés qui ont trouvé des mécanismes intermédiaires. A l'évidence, l'école algérienne est prise entre l'arrivée massive d'écoliers, malgré les déperditions, l'exclusion d'un pourcentage significatif de filles sacrifiées sur l'autel de l'islamisme, du charlatanisme, des pesanteurs sociologiques qui ne sont pas combattus à hauteur des enjeux qui se dessinent pour un proche avenir. Seules une grande ambition et une volonté politiques déterminées peuvent amener la révolution dans une école, qui n'est ni aux normes universelles les plus avancées ni inscrite, avec la participation des franges les plus éclairées où elles se trouvent, qui existent dans le pays. Les parents, ceux qui veulent que leurs enfants, filles et garçons, les chercheurs et pédagogues, les formations politiques et les modèles avancés qui rayonnent sur le monde, les urbanistes et architectes, les artisans, les scientifiques et artistes sont en mesure d'éclairer les chemins de l'administration qui n'en peut mais. Continuer à reconduire les mêmes erreurs, les mêmes guérillas dont les victimes sont les enfants, les enseignants et la société entière, revient à hypothéquer l'avenir du pays dans une féroce mondialisation dans laquelle les meilleures écoles fabriquent chaque jour les dirigeants de la planète. A. B.