Entre une rentrée scolaire et un Ramadan à nos portes, l'équation n'est jamais facile à résoudre pour les simples ménages. La psychose de la rentrée sociale, teintée d'une couleur grisâtre à l'approche du mois de jeûne, s'empare des Algériens, habitués à un timing plutôt moins lourd en termes de dépenses. L'Etat a décidé, semble-t-il, de mettre la main à la poche afin d'assurer une «rentrée clémente» aux familles démunies. Rentrée scolaire et universitaire par-ci et un Ramadhan par là, l'équation n'est jamais facile à résoudre pour les ménages algériens. Pour les enfants scolarisés issus de familles démunies, ceux-ci seront pris en charge par l'Etat et bénéficieront gratuitement de manuels scolaires. Leur nombre, se référant aux statistiques officielles, est évalué à près de 3 millions. Une telle opération absorbera une cagnotte de l'ordre de 5 milliards de dinars. Par élève nécessiteux, l'Etat entend les enfants dont les parents sont au chômage ou ne touchant qu'un maigre salaire n'excédant pas le Snmg. Mais il se trouve, cependant, que le poids financier de la rentrée est aussi difficile à porter pour les foyers dont les revenus oscillent entre 20.000 et 30.000 DA. En effet, sachant que la prise en charge d'un écolier varie entre 3000 à 10.000DA, voire plus pour ceux qui ont des enfants au lycée, il devient clair que la prochaine rentrée scolaire ne sera pas de tout repos pour de larges couches de la société. Cette catégorie de la population, censée constituer la classe moyenne, est la grande oubliée de l'acte de solidarité de l'Etat en cette période de grosses dépenses pour les ménages. Cela dit, nombre d'observateurs estiment que l'intervention directe de l'Etat en direction des couches les plus défavorisés constitue en soi un pas en avant, mais encore bien insuffisant pour amorcer une rentrée sociale éprouvante pour le porte-monnaie des familles du fait de la proximité entre la rentrée scolaire et le mois sacré de Ramadhan. Cela étant, là où l'on souffrira le plus, c'est bien dans le pays profond où les indices de pauvreté sont au rouge dans nombre de régions. Si l'Etat s'engage à épauler les élèves nécessiteux en attribuant également à chacun une prime de 2000DA, il n'en demeure pas moins que la barre reste difficile à équilibrer pour les familles nombreuses. L'affaire n'est même pas à ce stade pour d'autres familles qui ne sont même pas en mesure de scolariser leurs enfants. Il est vrai que le discours officiel a tendance à nier le fait qu'il existe en Algérie des enfants en âge de fréquenter l'école mais non scolarisés. Ne se limitant pas à la rentrée scolaire, l'action du gouvernement s'étend également sur la période du Ramadhan. Le ministre de l'Emploi et de la Solidarité nationale a annoncé la mise en place de commissions régionales chargées de préparer l'opération de solidarité spécial Ramadhan au niveau de chaque wilaya du pays. Reconduite pour la 6e année consécutive, cette même opération nécessite, selon la Solidarité, «le concours des institutions de l'Etat». Il faut reconnaître qu'il a existé des détournements au niveau de certaines régions, des exclusions et des dépassements dans la gestion de la cagnotte, mais surtout des dons des citoyens. L'on a révélé une nouvelle enveloppe qui est passée de 5 milliards de centimes durant le Ramadhan de l'année 2000, à 66 milliards de centimes en 2005. Là aussi, la solidarité s'exprime directement en direction des populations les plus vulnérables, évacuant la «couche moyenne» qui devra «se débrouiller» avec des salaires modestes pour boucler un mois plus qu'éprouvant sur le plan de la dépense. En fait, la majorité des Algériens sera soumise à une forte pression durant les mois de septembre et d'octobre. Il sera peut-être difficile de leur parler de la nouvelle Constitution ou d'élections législatives. Mais n'anticipons pas...