Photo : S. Zoheir Par Hassan Gherab Il enseigne le dessin et la peinture aux enfants d'un collège. Et quand il n'enseigne pas le dessin et la peinture à ces enfants, il les enseigne quand même à d'autres qu'il réunit dans un atelier que la maison de la culture de Sétif a bien voulu mettre à sa disposition. Mieux, c'est dans ses propres fonds -qui se résument en un salaire d'enseignant-, qu'il puise le petit budget nécessaire pour l'achat de pinceaux, peinture, papier de dessin et toile à ses petits élèves. Ce jeune prof n'est pas un cas isolé. Ils sont nombreux les artistes, les associations ou simples amoureux de l'art qui, dans la mesure de leurs capacités et moyens, s'investissent dans l'animation artistique, initient et organisent des manifestions culturelles là où ils peuvent. On se souvient de cette responsable d'une agence de voyages qui a convaincu le propriétaire du centre commercial Zemzem, dans le quartier de Sidi Yahia, de la laisser aménager un niveau de son parking souterrain pour le transformer en galerie d'exposition ! Et elle réussit. Le résultat sera l'Exposition nationale des artistes peintres algériens, Mosaïque, qui a réuni durant la deuxième quinzaine de mois de Ramadhan dernier plus de 400 toiles de quelque 40 de nos plasticiens.Plus loin, c'est un rappeur engagé aux textes incisifs qui, mettant à contribution son image et sa renommée, a initié une opération de solidarité qu'il soutiendra avec des concerts qu'il animera. Son action incitera les autorités locales à lui emboîter le pas pour s'engouffrer dans la voie que le jeune rappeur a ouverte. La wilaya et la commune applaudiront l'initiative et se fendront même de deux enveloppes pour aider les démunis. D'autres chanteurs et artistes en ont fait autant, qui animera une scène dans un hameau que le terrorisme avait transformé en «no culture land», qui ira faire de la peinture dans un village du Sud alors que d'autres iront faire du théâtre en plein air dans un bourg. Quelques associations se démènent également pour offrir aux jeunes du quartier l'occasion de s'initier au théâtre, à la musique ou à la peinture, contre le paiement d'une somme modique. Le point commun entre ces différents acteurs est assurément leur engagement pour la socialisation de la culture et la promotion des arts.Le point important à souligner est que l'action fort louable de tous ces artistes, associations et autres acteurs relève normalement des prérogatives des administrateurs de la culture qui ont les moyens et la responsabilité de mettre la culture à la portée de tous. Et s'ils ne le font pas, ils devraient pour le moins aider et encourager ceux qui le font à leur place.