De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi L'association El Inchirah de Constantine, qui est affiliée à la Sonelgaz et lauréate du dernier Festival national du malouf était le premier savoureux prélude de la troisième soirée du Festival international du malouf qui se déroule depuis vendredi dernier au Théâtre régional de Constantine. Sous la direction de maître Zarabi, les jeunes artistes ont interprété et chanté la nouba Raml Maya comptant le m'çadar, deux btaïhi et un n'çraf. Leur prestation a séduit les spectateurs, dont la majorité se composait de parents d'artistes, faut-il le signaler. A ce propos, on relèvera l'absence regrettable parmi l'assistance de nombreuses figures du monde du malouf local. Ce qui confirme l'existence de brouilles, guéguerres, voire jalousies dans ce milieu. Et ce n'est pas avec ces attitudes, qui dénotent un manque flagrant de professionnalisme, qu'on fera avancer les choses et qu'on servira l'art en général et le malouf en particulier, qui a grandement besoin de promotion et de voir se constituer une relève, laquelle garantira sa pérennisation, qu'on veut justement consacrer avec l'organisation de cette troisième édition du Festival international du malouf de Constantine. Quoi qu'il en soit, envers et contre tous, El Inchirah a apporté la preuve de son assiduité. La prestation sera d'ailleurs saluée par Mohamed Qadri Dalal, luthiste syrien de la troupe Oranina, qui allait animer la seconde partie du programme. «Vraiment, sans complaisance aucune, je tiens à féliciter du fond du cœur le travail assidu accompli par ce groupe de fleurons sous la houlette de Zarabi», devait dire le maestro syrien. Active depuis le 10 octobre 1979, l'association a formé de nombreux artistes. Mais elle a su en garder des éléments piliers qui continuent d'œuvrer aux côtés de Zarabi. Adepte de la transmission traditionnelle des cours, le professeur est parvenu, en dépit de moyens dérisoires mis à sa disposition, à imposer sa troupe qui est allée en été dernier à Tlemcen ramener le premier prix dans le Festival national du haouzi et El Inchirah a, pour la deuxième fois, conquis les mélomanes au TRC. La seconde partie du programme a vu la participation de l'ensemble syrien Oranina. Sous la baguette de Qadri Dalal au luth, la formation puisera dans l'authenticité de la musique arabe et interprétera des mouachahate, des mawals et du chant individuel. L'ouverture sera consacrée à Hidjaz koudoud, wasla, et Irtidjel, des musiques et genre propres à Alep. La chanteuse Oualaa interprétera ensuite un tesnide. Le maestro s'illustrera avec son luth avant de donner le ton à ses musiciens qui exécuteront des mawals (solos). Assez académique, ce genre musical n'a pas vraiment accroché le public notamment dans la seconde partie du concert. De fait, beaucoup de mélomanes ont quitté le théâtre avant la touche finale. «Ce n'est pas professionnel ce qu'ils font, mais je trouve que c'est un style assez lourd…» lâche un jeune artiste local. Pourtant, c'est bien la diversité des musiques qui est recherchée à travers cette rencontre universelle et El Orania, avec leur style, ont montré une autre facette de la musique arabe que des initiés devraient apprécier à sa juste valeur. «Le renouveau musical arabe peut se fonder exclusivement sur les sources de cette musique et dans le respect de ses formes traditionnelles sans qu'il soit besoin de recourir à des apports occidentaux», dira à ce propos l'explorateur du luth à l'imagination mélodique impressionnante.