De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi Ce ne sera qu'un retour somme toute légitime de cette troisième édition du Festival international du malouf. Institutionnalisé en 2006 par le département de Mme Toumi, cette rencontre a dû transiter en ses deux premières parutions par Skikda avant d'élire domicile au fief original andalou, Constantine. On ne va pas remuer le couteau dans la plaie pour dire que c'était le différend ayant opposé les autorités locales à la ministre qui avait poussé cette dernière à dévier l'événement de son cours naturel. La raison aura primé. Les sautes d'humeur n'ont pas droit d'altérer une quelconque manifestation culturelle. A cet effet, il semble que la hache de guerre est enterrée au grand bonheur du malouf qui retrouvera demain et ce, pendant six jours,son atmosphère originale au sein du TRC. Cela n'enlève en rien à la réussite des deux premiers numéros, mais les muses y manquaient. «Le festival aura mûri à travers les expériences vécues. Aussi faut-il signaler que les prestations diffèrent selon des thèmes choisis», a soutenu le commissaire du festival, M. Zerouala, aux côtés de son staff technique et artistique présidé par M. Merouani qui est aussi enseignant au conservatoire communal Bentobal. A une question de la Tribune sur les critères adoptés pour la sélection des troupes, les organisateurs diront : «Le choix des groupes s'est confectionné avec le concours des attachés culturels et l'Institut du Monde arabe de la musique. C'est tout un répertoire qui nous est proposé avant d'en extraire la demande répondant à notre perspective.» L'actuelle édition placée sous le thème «femmes et voix» verra la participation de 6 pays. En effet, en plus de la participation locale qui sera représentée par des troupes lauréates du dernier festival national tenu fin juin dernier avec Abas Righi, l'association Errachidia de la musique andalouse de Mascara et El Inchirah appartenant à la Sonelgaz de Constantine, le TRC accueillera des virtuoses venus de Turquie, de Tunisie, de Syrie, de Libye… une pléiade d'artistes dont le niveau n'est pas à démontrer puisqu'ils sont issus des écoles musicales les plus prestigieuses, atteste le commissaire. De surcroît, ils animeront à l'occasion des masters classes notamment sur le jeu du «qanun» rarement adopté à Constantine en raison d'un manque d'encadrement. Ce dernier point sera développé par la diva tunisienne Sonia M'barek qui prodiguera des conseils sur l'interprétation féminine. Ce point demeure le talon d'Achille de la majorité des voix à Constantine. De fait, rares sont les artistes féminins qui allient la voix et le jeu d'instrument.C'est donc l'aubaine pour articuler son phrasé… lyrique. D'autant que l'événement se consacrera au «mouashah et au zadjal». En parallèle, on apprend que des conférences-débats se tiendront pour couvrir le festival d'un ornement pédagogique. Ainsi l'inédit dans la présente édition sera-t-il marqué par la tenue du premier colloque international sur la musique andalouse, une conférence animée par des ès qualités à l'image de Maya Saidani, détentrice du doctorat de musique et de musicologie. La spécialiste est actuellement «maître de conférences en musicologie, elle enseigne à l'ENS». Au même chapitre, M. Omar Metioui du Maroc et M. Maghnounif de Tlemcen s'adonneront également à des explications sur cette musique lointaine ancrée à Constantine et dans les pays du Maghreb. Les thèmes choisis traiteront du rôle de la femme dans la transmission de la musique arabe, de l'authenticité et de la modernité de la musique andalouse et bien évidemment du mouashah et du zadjal. Demain soir dans son allocution d'ouverture, le commissaire devrait cadrer le festival dans «un espace de rencontres, de partages, une scène ouverte à la diversité culturelle». En somme, une invitation pour mieux perpétuer cet art ancestral riche en modes. Le ton de la boucle sera donné demain soir avec l'orchestre régional créé, pour rappel, en 2004. Il est dirigé par Boukeredera.