De notre correspondant à Tizi Ouzou Lakhdar Siad S'il existait une loi pour responsabiliser et châtier les autorités dans cette récurrence particulièrement grave et meurtrière des accidents de la circulation au niveau de la Kabylie, bien des directeurs de wilaya se trouveraient derrière les barreaux pour complicité d'homicide involontaire, non-assistance à personne en danger et bien d'autres chefs d'accusation à en juger par la gestion chaotique des projets dans les secteurs des travaux publics et des transports. Sur ce plan, tous les investissements importants promis sont en rade ou avancent à pas d'escargot. De tergiversations en volte-face, l'administration de la wilaya de Tizi Ouzou mesure mal ou ne veut pas prendre en compte les conséquences de tels agissements sur la sécurité des personnes et le développement économique et social de la région. Sinon, comment expliquer l'inertie dans la réaction face au douloureux et révoltant spectacle qui se déroule tous les jours sur la RN 12, notamment la quarantaine de kilomètres qui sépare Azazga et le chef-lieu de wilaya ? C'est tellement affligeant de conduire sur ce tronçon que le sujet revient à chaque discussion dans la région mais n'arrive pas apparemment à se faire une bonne place dans les projections d'urgence des responsables locaux même si le cri de détresse et de colère des usagers a déchiré les tympans des plus sourds parmi les concernés. Sur ce tronçon de la RN 12, un décompte officiel des mois de juillet et d'août derniers fait ressortir plus de deux accidents par jour ! (127 accidents sur un total de 225 pour la même période). Un collectif actuellement à l'état embryonnaire dénommé «Usagers de la RN 12» se construit «doucement mais sûrement» sur cette grogne qui finira par prendre des formes contestataires et peut-être même devenir incontrôlable. Quel est ce prétexte qui pourrait justifier la mise en place de pas moins de six barrages fixes des différents services de sécurité sur une quarantaine de kilomètres d'une route nationale ? De plus, un à deux autres points de contrôle mobiles sont rajoutés régulièrement sur ce tronçon insupportable de la route. A priori, le prétexte sécuritaire est le plus digeste des arguments. «Même en temps d'occupation coloniale, on n'a pas vu autant d'éléments de sécurité sur nos routes», compare un ancien moudjahid. Et puis, nul besoin d'être un expert antiterroriste pour savoir que les groupes terroristes ne se trouvent pas aux abords des routes à grande circulation. Cela sans omettre que les dos-d'âne sauvages à des distances rapprochées créent des bouchons et des files interminables qui transforment la RN 12 en souk, notamment au niveau de la localité de Taboukert où le plus aventurier des automobilistes passe en premier contre tout respect du code de la route avec des conséquences sur la sécurité des usagers et des riverains. On peut avancer qu'un dépassement dangereux survient toutes les 30 secondes, surtout aux horaires de pointe. Et pourtant ! Le projet de réalisation d'un axe autoroutier entre Azazga et Tizi Ouzou date de 2006 et, à ce jour, aucun signe de début des travaux ne vient soulager la population et les 40 000 automobilistes/jour. Près de trois ans de tergiversations sans compter les décennies passées dans le sous-développement dans la région. Sans oublier ce que peuvent apporter les autres projets inscrits dans le secteur des transports, car, sans diversification des moyens de transport, la région continuera de subir les retards et d'être sous-développée. Dans ce sens, on citera la voie ferrée devant relier le chef-lieu de wilaya à Oued Aïssi (seulement une dizaine de kilomètres) dont les travaux ne sont pas encore achevés malgré les multiples délais de livraison avancés depuis son lancement début des années 1990. C'est justement ce genre de projet qui pourrait éviter aux usagers de la RN 12 et des autres axes routiers des risques d'accidents mortels.