Photo : S. Zoheir De notre correspondant à Tizi Ouzou Lakhdar Siad Il est très difficile d'aborder l'impact des nouvelles mesures du code de la route sur les automobilistes et les piétons dans la wilaya de Tizi Ouzou parce que peu ou presque rien n'a été fait auparavant à tous les niveaux concernés par la circulation routière pour stopper l'hécatombe sur les routes. Les insatisfactions sont légion et les solutions restent des esquisses reportées coup sur coup ou qui ne voient pas le jour. Les chantiers des secteurs des transports et des travaux publics dont dépendent surtout la qualité et les conditions de transport de voyageurs et de marchandises accusent des retards énormes alors que, dans la région, les infrastructures de base dans ces deux domaines n'ont pas connu de progrès à la hauteur des attentes de la population ou des promesses des pouvoirs publics depuis plusieurs décennies. Ce ne sont pas les déficits en la matière qui manquent. Exemples : l'axe autoroutier Azazga-Tizi Ouzou, sur près de 38 kilomètres, un tronçon qui a été le théâtre de plusieurs accidents, promis depuis 2006, n'est toujours pas livré et sa réception n'est pas pour demain au regard du rythme imprimé aux chantiers de tous les secteurs en Kabylie. Il n'y a pas longtemps, une autorité officielle a établi que la majorité des accidents de la circulation survient sur la RN 12 qui, de plus, rappelons-le, n'a pas subi d'améliorations notables depuis des années alors que le parc automobile a pratiquement explosé partout dans le pays. Ce retard de développement de l'état des routes est aggravé par le nombre de points de contrôle instaurés par les différents services de sécurité sous prétexte de lutte antiterroriste. En effet, six barrages fixes, entre gendarmes et policiers, sur moins de 40 kilomètres sont là pour rappeler que rien ne semble améliorer la situation sécuritaire dans la région de Kabylie malgré les renforts et les «redéploiements» successifs des services de sécurité qu'on annonce lors des rencontres médiatiques. De mémoire de vieux, jamais autant de barrages de la police et de l'armée n'ont été installés dans les localités du Djurdjura au moment où les groupes armés identifiés par les services de sécurité sont localisés essentiellement dans les localités de la région qui n'a pas connu par conséquent une amélioration sur ce plan, contrairement aux autres zones du pays particulièrement chaudes par le passé. Les dos d'âne réguliers et surtout sauvages (plus nombreux), qui sont l'œuvre de riverains mécontents ou d'individus poussés par d'autres motivations moins nettes, transforment la RN12 en un bouchon interminable, causant ainsi de multiples désagréments à tous les passagers et voyageurs, sachant que cette route est empruntée par 40 000 automobilistes/jour, selon un chiffre officiel récent. Aussi, dans ce sens, la voie ferrée devant relier la ville de Tizi Ouzou à Oued Aïssi sur seulement une dizaine de kilomètres à l'est du chef-lieu de wilaya, n'est toujours pas opérationnelle malgré les délais officiels successifs de finition et malgré son importance dans le cadre de la diversification des moyens de transport, dont peut-être la totalité se fait par route. Sur le même sujet, les propriétaires et les employés d'auto-écoles, véritable baromètre de la santé routière, ne sont pas du tout contents des conditions de travail et d'obtention du permis de conduire dans la wilaya de Tizi Ouzou ; les responsables et les moniteurs des 265 auto-écoles agréées à Tizi Ouzou l'ont fait savoir au début de mai dernier lors d'un mouvement de contestation qui a duré plusieurs jours. «Nous avons 1 examinateur pour 28 auto-écoles contre 1 pour 12 dans d'autres wilayas. C'est très peu», déclarait à la presse un porte-parole des auto-écoles en grève. Un autre indiquera que la commune de Tizi Ouzou, la plus importante des 67 que compte la wilaya, n'a que deux circuits d'apprentissage pour 78 auto-écoles. Et quels circuits ! des circuits improvisés sur des aires de stationnement destinées au transport public ou tout simplement un squat d'espaces publics inappropriés pour ce genre d'exercices sérieux qui a besoin de concentration en plus des dangers imminents sur les piétons et les autres automobilistes. Les protestataires avaient, à l'occasion, dénoncé également l'anarchie, la précarité et les conditions de travail déplorables des moniteurs, tableau sombre se répercutant négativement sur la qualité de la formation des candidats qui sont les futurs chauffeurs de véhicules et d'engins. Cela dit, depuis l'entrée en vigueur des dernières mesures du code de la route, seulement 2 329 automobilistes auraient été touchés par les agents de l'ordre au niveau des points de contrôle par la campagne de sensibilisation entamée à la fin de l'année dernière, selon des chiffres publiés par la presse. Un nombre qui reste très faible vu l'importance de la question et l'ampleur des accidents mortels et autres enregistrés à Tizi Ouzou.L'augmentation apparente des effectifs de police et des gendarmes dans la ville des Genêts, donc, logiquement, de la répression des infractions routières, ne voudrait pas dire réellement diminution des accidents de la route. Il y a problème !