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Le charbonnier et le syndrome du couvreur
La polémique autour du SILA 2009 connaît une troisième mi-temps
Publié dans La Tribune le 08 - 10 - 2009

La confirmation d'une participation internationale et nationale massive au SILA 2009 aurait dû clore la polémique autour du SILA 2009. L'idée d'un boycott ou d'une absence des éditeurs nationaux s'est effilochée d'elle-même. La plupart des éditeurs algériens ont déjà pris leurs dispositions pour être présents dans le désormais nouveau lieu du Salon du livre. Force est de constater que les maisons d'édition qui pèsent en Algérie, malgré les différences de vocations ou de créneaux, ne se sont pas attardées à un débat qui a été surtout un débat médiatique ayant occulté l'information essentielle, c'est-à-dire les enjeux. Cette carence de l'information n'a pas beaucoup avancé le lecteur dans la connaissance des éditeurs et de leurs différents créneaux. Le lecteur s'informant auprès des titres nationaux ne sait pas forcément qu'il existe des importateurs tout court, des importateurs libraires, des importateurs éditeurs, des éditeurs tout court (dont on devine alors les difficultés) ou encore des éditeurs-imprimeurs (peut-être les plus anciens). Il ne sait pas forcément que certains travaillent sur des ouvrages à «vente garantie» qui relèvent du domaine de la formation scientifique et technique, ou des besoins domestiques. Il ne connaît pas forcément les obstacles que rencontrent ceux qui se concentrent sur la création littéraire ou les essais. Ajoutons à toutes ces catégories d'éditeurs celle de représentant exclusif d'une grande maison étrangère -un concessionnaire du livre en somme et l'image n'est pas fortuite – et qui ont à peine diversifié leurs activités.
Et il ne sait pas non plus, forcément, que les maisons d'édition peuvent travailler aussi sur ces différents créneaux ou rester spécialisées sur des genres particuliers. Il existe un monde entre les opportunités et les chances de réussite d'un importateur et d'un éditeur concentré sur la littérature et sur l'essai. Le monde de l'édition est divers et vous pensez bien qu'à partir du centre de gravité du créneau s'élaborent des discours, des légitimations, des propositions qui vont servir d'abord la réussite de l'activité, c'est-à-dire sa rentabilité et sa pérennité. Or, la presse francophone a porté et amplifié la polémique en occultant cette diversité et les différences d'intérêt qu'elle génère. Différences d'intérêts qui expliquent les positions et décisions contradictoires des éditeurs à l'endroit du salon et sur lesquelles nous ne sommes pas plus avancés à la fin du journal écrit ou audio.
Mais si le citoyen ne connaît pas forcément ces différences –ou alors nous aurions un peuple d'experts dans tous les domaines de la vie nationale-, les médias sont tenus par obligation professionnelle et par obligation déontologique de les porter à sa connaissance pour que tous prennent la mesure des enjeux. Or, cette presse francophone nous l'a présenté et qui persiste à la prolonger, comme si le monde de l'édition était un aréopage d'altruistes complètement désintéressés, mus par un saint amour du livre et la seule gloire de la culture.
Vision idéaliste, d'un idéalisme de lycéen que nous pouvons comprendre et admettre chez de jeunes journalistes que l'on presse de remettre le «papier» sans leur donner le temps et les moyens de s'informer réellement. Mais personne n'imagine que les patrons des médias en sont à ces naïvetés juvéniles. Et d'abord à cette naïveté que le changement de lieu est plus important que les mesures prises quant au fonctionnement de ce salon.
Quelques fondamentaux
Quels sont fondamentaux de ce salon ? Le pouvoir a décidé de délocaliser le salon. La critique du caractère solitaire de cette décision oublie que la décision de l'organiser à la Safex était tout aussi solitaire. Le pouvoir n'a jamais demandé l'avis de quiconque pour le situer aux Pins Maritimes. Il n'existait pas de cogestion de la Foire du livre ni du salon qui l'a remplacée. La décision de remplacer, en 1987, la Foire du livre par le salon n'a pas été concertée même si, à cette date, l'association des éditeurs privés à la réflexion sur la politique du livre avait été retenue par les pouvoirs publics. Cette décision marquait un tournant et voulait ôter à cette manifestation son caractère de foire et de bazar.
Parler de décision sans concertation pour le changement de lieu peut faire croire que la décision précédente avait associé les éditeurs. Ce n'est pas exact.
Le pouvoir n'a pas changé de ligne de conduite ou de méthode dans la prise de décision et dans l'application. La décision unilatérale du pouvoir en faveur de la Safex serait recevable, celle en faveur du Complexe olympique, non ? Or, dans l'argumentation présentée contre la décision du pouvoir, il est question de concertation autour de la décision, pas de questions commerciales. Comme si la cogestion était acquise. Avec un côté mauvaise foi. Car les pouvoirs publics associaient les éditeurs à l'animation du salon mais pas à ses décisions politiques. Tout le monde aura compris que les éditeurs s'inquiètent des retombées commerciales de ce changement. Y gagnent-ils quelque chose ? S'ils perdent, sont-ils en droit de demander des compensations. Or, ce côté commercial n'a pas du tout été évoqué comme s'il fallait occulter le côté sou. Et c'est bien ce côté qui est au cœur du problème. Que perdent certains éditeurs importateurs ou représentants exclusifs des grandes maisons étrangères ? Une aubaine essentielle : les exposants n'ont plus le droit de ramener que des livres ou ouvrages de moins de trois ans, c'est-à-dire parus en 2007 et au-delà. Ils n'ont plus le droit de ramener que deux cents exemplaires de chaque titre. Du coup disparaît l'aspect bazar de ce salon, son aspect foire.
A quoi assistions-nous dans ces faux salons et vrais bazars ? Au débarquement de dizaines de milliers de livres vendus à l'encan. Peu importe la forme ! Les maisons d'édition européennes construisaient des stands aux allures modernes ainsi que nos éditeurs d'ailleurs, mais ramenaient tous les stocks possibles de livres vendables. Pour les livres du monde arabe, les exposants étaient pour la plupart des forains se déplaçant de foire en foire avec les mêmes stocks considérables de livres puisés chez différents éditeurs. Bien sûr, notre chère presse soulignait le caractère de bazar des exposants du monde arabe, s'offusquant de la noria de libraires informels qui sortaient les livres par fourgonnettes pour les revendre sur la place publique, près des mosquées, etc. Elle oubliait que le bazar ne peut engendrer que l'informel et que ces grossistes sont aussi des libraires -informels, certes, mais des libraires- qui remplissaient le vide du réseau de diffusion du livre créé après la dissolution de l'ENAL, fille de la SNED. La différence dans la présentation et dans la vente ne change rien au fond de l'affaire : le salon restait une foire du livre et une aubaine pour les maisons étrangères. Cette façon de faire portait d'abord atteinte à la chaîne commerciale du livre. Pourquoi se préoccuper des librairies et du métier de libraire quand en deux semaines on pouvait faire les emplettes d'une année. Bien sûr, entre deux salons, les importateurs continuaient à ramener les conteneurs. Mais, pendant le salon, ils n'étaient pas tenus de passer par les libraires. Ils faisaient de super bénéfices. Eux, et les boîtes qu'ils représentent. Voilà le fond de l'affaire. Ce n'est pas l'amour désintéressé et désincarné de la culture qui est à la base de cette polémique mais des intérêts sonnants et trébuchants. Cette mesure rend au Salon sa première vocation : celle d'une manifestation culturelle au premier chef et celle d'une rencontre de professionnels appelés à discuter les droits d'auteur, les contrats, les partenariats qui permettraient aux éditeurs algériens d'imprimer, ici, les titres qui les intéressent et donc les mettre dans les librairies à des prix abordables. Qui aurait pu lire Monémembo si APIC n'avait pas bataillé pour acquérir les droits et qui aurait retrouvé à des prix abordables la trilogie de Dib si Barzakh n'en avait pas négocié les droits ? Tout en créant de l'activité, de l'emploi, des plus-values en Algérie. Bien au contraire, cette décision de recadrer le salon est une mesure d'intérêt national.
Elle ne suffit pas à faire une bonne politique du livre et, tel que je perçois les motivations de ce ministère de la Culture, cette bonne politique n'est pas pour demain. Mais c'est un pas important et je ne vais pas bouder mon plaisir de voir un retour à une conception du salon pour laquelle je me suis battu en 1987 et sans cesser de le faire depuis.
Les importateurs et «concessionnaires» du livre vont y perdre. Est-ce le souci premier de notre presse ?
Il ne fallait pas être grand clerc pour comprendre les enjeux. Quelques jours avant l'appel au boycott, ces éditeurs importateurs sont montés au créneau pour critiquer la loi des finances complémentaire. Les concessionnaires de voitures aussi. Des patrons algériens également. La différence est que des éditeurs importateurs ont lié la participation au salon, manifestation internationale, à une question purement nationale. Il fallait être aveugle pour ne pas le voir.
Que peut-on penser d'opérateurs nationaux s'ils appellent des opérateurs étrangers à boycotter des manifestations internationales programmées à Alger ? Cela s'appelle comment ? Et est-ce acceptable ? Et cela pouvait-il échapper à notre presse ?
Sur cette question, elle développé la même attitude qu'à propos du crédit véhicule. En dix ans de concessions, pas une seule maison mère n'a mis un sou pour initier un embryon de politique d'investissement en Algérie. Et la presse va prendre leur défense en pleurant sur la perte d'une chance d'achat d'un véhicule neuf par de larges pans de nos couches moyennes.
Difficile de ne pas voir que les larmes versées sur les chances des Algériens cachaient la défense d'une politique d'ouverture au bénéfice exclusif des grandes et des petites marques de voitures. L'intérêt de ces marques a primé sur la défense de l'intérêt national. Existe-t-il une relation entre ce fait et la manne publicitaire que déversent ces boîtes sur nos journaux ? J'espère bien que non. Mais force est de constater que ce glissement de la presse sur les arguments de l'ouverture devient général. Pas un journal n'a mis en relief la prétention du maire de Marseille de discuter notre loi de finances. Il ne manquait plus que cela : qu'une ville portuaire, une simple ville portuaire s'arroge le droit de nous donner les bons conseils. Il en sera de même pour la délégation du Medef qui arrive, comme il en était de même pour le sous-secrétaire d'Etat américain qui nous a fait la leçon sur la consultation préalable des partenaires avant de changer nos lois.
Notre presse a oublié ce principe cardinal que «charbonnier est maître chez soi».
Le pouvoir algérien est libre de changer de lieu du salon sans qu'aucun représentant d'une boîte étrangère n'y trouve à redire. Je ne proteste pas contre le pouvoir pour faire encore plus de place aux intérêts étrangers. Et cela se passe sous nos yeux. Le syndrome du couvreur est une maladie. Les couvreurs installent les tuiles sur les toits des immeubles et des maisons.
Apprenti, le couvreur a très peur des chutes et il fait attention. Il a une notion aiguë du danger. Plus il s'habitue au travail et moins il a peur ; insensiblement, il va perdre la notion du danger. C'est ce qui arrive au jeune conducteur. A soixante kilomètres à l'heure, il tremble. Puis il s'habitue. Un jour, il n'aura aucune notion du danger à cent quarante à l'heure. Cela vous est arrivé à vous aussi.
Le syndrome du couvreur frappe notre presse. Et elle risque d'oublier qu'au-delà du pouvoir et des conjonctures la ligne de défense de notre patrie est que «charbonnier reste maître chez soi».
M. B.


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