Photo : Riad Par Wafia Sifouane Le Salon international du livre d'Alger (SILA) n'est plus sous la responsabilité du comité d'organisation que présidait l'ANEP et qui rassemblait les syndicats des éditeurs, des professionnels du livre et des libraires. Il est désormais sous l'autorité d'un commissaire en la personne d'Ismaïl Ameziane, directeur des éditions Casbah. Et sa 14ème édition semble réserver des surprises. En effet, les changements dans le cadre organisationnel n'ont pas été du goût des anciens membres du comité d'organisation qui, en réaction, refusent de participer à cet événement phare de la rentrée. Indignés par la délocalisation du SILA du palais des Expositions vers la coupole du Complexe olympique du 5 Juillet ainsi que par leur éjection du comité d'organisation, le Syndicat professionnel du livre (SPL) et le Syndicat national des éditeurs de livres (SNEL) ont rendu public hier un communiqué signé conjointement dans lequel ils dénoncent la décision prise par le commissariat du festival, revendiquent le retour du salon à son lieu habituel et leur réintégration au sein du comité organisationnel. La présidente du SPL, Radia Abed, qui est également directrice des éditions Sedia, a animé une conférence de presse hier au siège du quotidien national la Nouvelle République à la maison de la presse Tahar Djaout qui devait initialement louer sa salle de réunion pour la conférence de presse -après versement du chèque de paiement de la location-, avant que la direction de la maison de la presse ne se rétracte, une heure avant la conférence de presse, sous prétexte que la salle n'était plus disponible. La conférence de presse se tiendra quand même mais en l'absence du président du SNEL, Faycel Houma, qui a décidé de se retirer juste avant de le début de la rencontre avec les journalistes, laissant ainsi Mme Abed seule avec un communiqué portant les signatures des deux syndicats (SPL et SNEL). En bonne professionnelle, elle déclare aux médias : «Je parle au nom des deux syndicats, mais je ne peux m'exprimer à la place de Faycel Houma.» La conférencière fera part ensuite des revendications des deux syndicats qui ont engagé un bras de fer avec le commissariat du SILA. «Nous exigeons le retour du Salon du livre à la Safex et de participer à son organisation. Des listes d'exposants ont été ouvertes et nous avons récolté jusqu'à présent 82 exposants, ce qui veut dire plus de 50% des 120 exposants algériens», dira-t-elle en se référant au communiqué qui, tout en dénonçant «l'opacité qui a entouré cette décision de délocalisation annoncée uniquement par la presse nationale», «interpelle la profession sur les raisons profondes l'ayant motivée». «De fait, aucun éditeur algérien ou étranger n'a été destinataire d'une correspondance l'informant de cette mesure», lit-on. La présidente du SPL le confirmera en déclarant que M. Ameziane s'est contenté de confirmer l'information par téléphone. Concernant la raison du transfert du SILA qui, selon les déclarations de son commissaire dans plusieurs organes de presse, serait un malentendu entre le commissariat du SILA et la direction de la Safex, Mme Abed la rejette et affirme que les négociations ont été entamées. «Nous avons été témoins de cela et nous connaissons les deux versions», dira-t-elle. S'agissant du sort des livres des exposants étrangers déjà arrivés à la Safex et de l'argent de location des stands étrangers qui a été versé sur le compte du 13ème SILA, il semblerait que le commissariat ait déjà procédé au transfert de l'argent, sans pour autant donner des explications aux concernés. Tous ces griefs ont constitué, semble-t-il, un casus belli pour le SPL et le SNEL qui ont décidé leur non-participation au SILA au cas où leurs revendications ne seraient pas prises en considération. Sur un autre plan, Radia Abed profitera de l'occasion pour parler des conséquences de la loi de finances complémentaire 2009 et de ses impacts négatifs sur le secteur du livre. «Nous ne savons même pas si nous serons encore là dans une année. Le secteur du livre est mourant», déplore-t-elle. Au-delà de ces conflits et de ces guéguerres intestines qui ne servent que leurs initiateurs, le point qui reste en suspens et que nul n'a encore abordé, c'est le citoyen, le lecteur, le visiteur du SILA. Fidélisé au fil des années, il se retrouve à la veille de son rendez-vous annuel avec le livre face à une série de conflits entre ceux-là mêmes qui sont censés travailler à la socialisation du livre et la promotion de la lecture publique. Or, tel n'est pas le cas. Les professionnels du livre et de l'édition ne parlent pas du livre qui devrait être le roi et l'acteur principal de cette manifestation. Personne n'a encore parlé de la qualité des ouvrages, encore moins de ce qui intéresse vraiment les gens.