A l'origine, le comité de quartier joue un rôle d'interface entre les locataires, les autorités locales et les différentes coopératives immobilières comme l'EPLF, l'OPGI et l'AADL. Mais qu'en est-il réellement chez nous ? Il est désolant de constater que, même avec la meilleure volonté du monde, les comités de quartier font face à une véritable défaillance des pouvoirs publics. Les collectivités locales, fortement interpellées sur des questions citoyennes, font la sourde oreille, et n'aident pas ces structures. La situation désastreuse qui prévaut dans certaines cités n'inquiète pas outre mesure les responsables des coopératives immobilières et de l'AADL. Il est déplorable de voir que les plaintes des citoyens ne semblent préoccuper en rien la quiétude des responsables qui ne bougent pas d'un iota ne se souciant que de leurs postes et de leurs intérêts. Quant aux problèmes que vivent au quotidien les citoyens dans ce qui s'apparente à des cités-dortoirs, ils les relèguent tout simplement aux calendes grecques. Dès lors, la plupart des comités de quartier crées dans le but d'améliorer le cadre de vie, animer et promouvoir le quartier ou la cité se retrouvent dans l'obligation de prendre en charge des problèmes ayant trait à l'absence de commodités de base comme l'eau, l'assainissement, les routes, la peinture, la clôture, le déblayage... Car il faut dire que la majorité des cités urbaines dans notre pays sont réceptionnés sans être réellement finies. En plus de tous ces aspects, les comités de quartier sont confrontés à des problèmes d'ordre bureaucratique. Les tracasseries administratives mettent des bâtons dans les roues de ces structures de proximité. L'agrément, le parcours du combattant Le comité de quartier de la cité des 296 logements à Aïn Naadja (EPLF Alger-centre) en est le parfait exemple. C'est l'un de ces comités qui ont été étouffés dans l'œuf. «Au départ, nous étions très motivés et animés d'une grande volonté pour créer ce comité. Il y a avait une somme de problèmes que nous voulions régler. Nous avons commencé par lancer un programme ambitieux pour promouvoir notre quartier», avoue l'un des membres actifs. «La cité 296 logements de Aïn Naadja a été livrée au début des années 2000 par l'EPLF d'Alger-centre sans la moindre commodité. Il n'y avait pas de clôture, pas de portail, pas d'espace vert […] le cadre de vie était vraiment asphyxiant, et c'est dans le but de prendre en charge toutes ces préoccupations que nous avons créé, en 2008, un comité de quartier, à l'issue d'une assemblée générale», dira-t-il. Cités-dortoirs et cadre de vie lamentable «L'aspect sécuritaire et notamment les vols répétitifs étaient les points sensibles qui nous ont poussés à la création d'un comité de quartier pour représenter les quelque 300 habitants», nous explique-t-il, précisant qu'«en une année 24 appartements ont fait l'objet de vol». «Améliorer le cadre de vie était le leitmotiv, car notre souci était de créer des espaces verts et des aires de jeux pour nos enfants, pour leur permettre de bénéficier d'une bouffée d'oxygène. Une volonté de fer nous avait animés durant toute une année. A notre actif, plusieurs réunions et diverses activités. Nous avions même accompli les démarches pour l'ouverture d'un compte bancaire», a-t-il poursuivi. Mais au bout du compte et après un véritable parcours du combattant, le comité de quartier de la cité 296 logements à Aïn Naadja n'a pas réussi à obtenir l'agrément faute de local. Car, aux yeux de la loi, un comité de quartier, tout comme une association, doit disposer d'un siège avant de réclamer un agrément. Aujourd'hui, nous sommes bloqués à cause de cette réglementation qui nous pénalise fortement. Que faire ? s'interroge le représentant du comité en question. «Il est hors de question de travailler dans la clandestinité. Tout ce qu'on voulait, c'était faire de notre cité un lieu agréable où il fait bon vivre. Une vingtaine d'adhérents se sont mobilisés pour donner vie à ce comité de quartier mais malheureusement la réglementation en vigueur a mis fin à nos espoirs et à nos ambitions», confie-t-il avec amertume. «Nous avons fait toutes les démarches nécessaires auprès des autorités locales notamment la mairie de Aïn Naadja, la daïra de Bir Mourad Raïs et la wilaya d'Alger qui ont donné leur accord et nous ont soutenus. Nous avons également recueilli des cotisations auprès des locataires pour louer un local, tel qu'exigé par la loi. Nous avons pu réunir plus de 70 000 dinars, ce qui était insuffisant pour couvrir le montant du loyer exigé», a-t-il ajouté, hors de lui, regrettant que «les pouvoirs publics, au lieu de nous faciliter les choses, ne font que les compliquer davantage». «Face à cette situation qui nous dépasse, nous sommes contraints de geler le comité», précisera-t-il. Il dira cependant que cela ne veut pas dire l'arrêt des activités citoyennes en vue d'améliorer le cadre de vie de la cité. «Nous allons poursuivre nos efforts à titre de volontariat pour prendre en charge les questions qui se posent de façon quotidienne comme la propreté et l'hygiène, le jardinage, le gardiennage… Evidemment, nous ne pourrons pas être vraiment actifs sur le terrain, comme on aurait pu l'être dans le cadre d'un comité de quartier». A vrai dire, bien souvent, les comités de quartier ne font pas leur travail comme il se doit. Certains n'arrivent pas à décrocher leur agrément faute de local, d'autres travaillent dans la clandestinité. Et lorsque ces structures de proximité sont en règle, elles ont du mal à trouver un interlocuteur qui prenne en considération les différentes doléances. L'anarchie s'empare des cités Les citoyens en colère ne savent plus à quel saint se vouer. Ils se rapprochent des comités de quartier pour crier leur détresse, dénoncer le cadre de vie de plus en plus lamentable. Mais, peu de comités de quartier sont véritablement actifs. Dans les cités AADL, la situation n'est guère meilleure. Elles ont été livrées avec beaucoup de manquements et d'insuffisances. Les routes sont dans un état désastreux. Il faut dire qu'il est devenu courant que les coopératives immobilières livrent des logements à moitié finis et sans commodités. Les citoyens qui foulent le sol de leur appartement ont souvent la mauvaise surprise de constater des défauts et des anomalies énormes. C'est souvent le cas pour les logements AADL. Ceux de Sebbala et de Ouled Fayet sont des exemples édifiants du non-respect des engagements de l'Agence pour l'amélioration et le développement du logement. Sans parler des lacunes flagrantes en matière de gestion immobilière. On ne peut pas évoquer les logements AADL sans relever le manque de civisme révoltant de certains locataires. De nombreux désagréments sont perpétuellement causés par des souscripteurs qui ne viennent qu'occasionnellement, causant des dégâts aux locataires permanents, comme par exemple des fuites d'eau répétées… Les quelques comités de quartier, qui se comptent sur les doigts d'une main, activant dans les cités AADL se disent souvent débordés par des problèmes qui résultent du manque de civisme chez les locataires. Les écriteaux sur les murs, les immondices qui jonchent à longueur de journée les immeubles, les ascenseurs en panne… outre le manque d'implication des citoyens (car souvent les locataires ne se sentent pas concernés car ils occupent des appartements sous-loués). Les comités de quartier se plaignent même s'ils sont animés de bonne foi. Ils ne trouvent pas de retour d'écoute de la part des services concernés et des autorités locales. A. B.