Le patrimoine culturel, tant matériel qu'immatériel, est sans aucun doute un des caractères identitaires d'une région, d'un peuple. C'est une page de l'histoire et de la culture d'une société, d'un pays. Aussi nous devons-nous de le préserver coûte que coûte. Ne définit-on pas le patrimoine comme l'objet pour lequel on est prêt à consacrer temps et argent pour ne pas devoir le sacrifier ? C'est à ce titre que, dans les pays qui connaissent sa valeur, le patrimoine bénéficie de toutes les attentions, et que des efforts sont consentis pour sa préservation et son exploitation. Car, mis en valeur, le patrimoine devient aussi un filon qu'on peut exploiter économiquement. Les concepts «éco-tourisme» et «tourisme culturel», qui sont apparus ces dernières années, illustrent on ne peut mieux l'importance économique du patrimoine culturel. Consciente de ces atouts, l'association «les amis d'Aourourout», dans la région de Beni Abbès, wilaya de Béchar, a entamé depuis déjà une année les travaux de rénovation des ksour d'Aouarourout. C'est sous le slogan «des ksour sahariens au développement durable ; Beni Abbès au cœur de l'écotourisme», qu'une vaste opération de restauration des maisons en toub des ksour a été lancée par cette association. Avec le soutien de la commission de l'Union européenne à Alger et visant à redonner vie à ces vieilles bâtisses traditionnelles, des chantiers de bénévolat ont été organisés en novembre 2008 et janvier 2009. Mais malgré toute la bonne volonté des membres de l'association et tous les bénévoles qui les ont rejoints, le chantier ne peut être bouclé sans d'autres aides financières. Le projet a besoin aujourd'hui d'un financement qui tarde à venir. Des appels à des contributions pour un montage financier ont été lancés par Abdelkader Telmani, le président de l'association les Amis d'Aourourout. Une campagne sur le Net sous le slogan «une goutte sur une goutte deviennent une source» a permis à l'association de réunir 50% de la somme nécessaire pour poursuivre les travaux. «Nous avons pu rassembler 50% de la somme nécessaire pour l'ensemble des travaux et cela grâce aux dons. Nous sommes aujourd'hui à la finition des travaux. Il ne manque plus que la peinture. Mais on devra aussi acheter les équipements, meubles et matériels qui devront être installés dans les ksour, ce qui nécessitera 300 000 dinars. Nous avons adressé une demande à l'ambassade de France pour bénéficier de l'aide accordée aux associations dans le monde mais n'avons reçu aucune réponse», déclare M. Telmani. Toutefois, malgré les difficultés financières, notre interlocuteur nous confiera qu'après les deux chantiers tenus par des bénévoles, les travaux de restauration et vont bon train. «Les membres de l'association sont sur les chantiers tous les jours», dira-t-il.Concernant l'après-restauration, le président de l'association nous décrira par le détail la suite du projet qui lui tient tant à cœur. «Dès la rénovation des ksour terminée, nous allons essayer de gérer un espace éco-touristique et culturel. Les ksour d'Aourourout représentent un endroit idéal pour héberger les touristes ainsi que pour abriter des animations culturelles. Nous avons même prévu d'instaurer un pôle d'artisanat. Des femmes de la région ont d'ailleurs déjà commencé à confectionner les tapis traditionnels. Nous leur avons fourni la matière première pour les aider à démarrer leur commerce», conclura-t-il.Sans aucun doute, un tel engagement fait des Amis d'Aourourout un modèle à suivre et un exemple de bonne volonté. Mais comme nous l'avons écrit plus haut, la bonne volonté ne peut pas toujours remplacer un gros chèque. Et il serait tout simplement affligeant de voir tous les efforts déployés et le travail accompli par l'association et les bénévoles pour la restauration et la préservation d'un patrimoine freinés à cause d'une broutille : 300 000 dinars, même pas le budget qu'on sacrifie pour ces cocktails dinatoires et ces collations dans certaines manifestations officielles. N'importe quelle institution, ministère ou administration peut trouver une formule et donner cette somme sans grever ses finances. L'appel est lancé, attendons de voir qui y répondra. W. S.