Photo : Riad Par Mekioussa Chekir «Les jeunes Algériens ne sont pas des inconscients !» pense la secrétaire générale du Parti des travailleurs, Mme Louisa Hanoune, en commentant les récents affrontements ayant secoué la capitale, principalement dans le quartier ex-Salembier. Cette dernière intervenait hier lors de l'ouverture des travaux de la session ordinaire du Conseil national qui se sont ouverts à Sidi Fredj, Alger, sous le slogan «Pour le gel de l'accord d'association avec l'Union européenne». Dressant le constat de la situation qui prévaut sur tous les plans à l'échelle nationale, Mme Hanoune relève la même dégradation du pouvoir d'achat qui touche une bonne majorité de la population. Cela, relèvera-t-elle, en dépit des dispositions contenues dans le cadre de la loi de finances 2010, à propos de laquelle le parti se réserve d'en dévoiler la position finale, une fois le contenu complètement étudié. Pour l'intervenante, ce qui s'est passé la semaine dernière à Diar Echems aurait pu prendre une tournure plus dramatique tant les jeunes émeutiers se sont estimés lésés par l'Etat s'agissant de l'attribution de logements. «Lorsque la demande est estimée à 9 000 logements et que l'Etat en attribue seulement 60, comment voulez-vous qu'il n'y ait pas de révolte, d'autant plus qu'il y a souvent des irrégularités dans ces situations ?» s'interroge Mme Hanoune qui dénonce le fait que le gouvernement n'ait pas prévu assez de programmes de logements de type social locatif, la location-vente et le participatif ne pouvant profiter qu'aux classes moyennes. Et de se demander pourquoi l'Etat ne pense pas à distribuer le 1,5 million de logements inoccupés qu'il compte réquisitionner aux catégories les plus défavorisées du pays qui, même avec 1% d'intérêt ne sont pas en mesure de s'acheter un logement. «Cette mesure n'est pas contenue dans la loi de finances 2010», déplore-t-elle tout en annonçant que le groupe parlementaire de son parti œuvrera, lors des débats sur ladite loi de finances à l'APN, à faire adopter les dispositions qui vont dans le sens de l'amélioration des conditions sociales des Algériens. Tout en relevant l'augmentation du budget alloué au fonctionnement dans le cadre de cette loi, Louisa Hanoune n'en estime pas moins que cette hausse est en deçà des besoins qui sont dix fois plus importants : «L'Etat a dégagé 230 milliards de dinars pour le relèvement du SNMG. Cela se traduira par une hausse d'à peine 3 000 DA sur les salaires alors que cette différence a été annihilée par les prix des produits de première nécessité qui n'ont cessé de connaître une augmentation depuis l'été !» Et de plaider pour un effet rétroactif de cette augmentation, de même que pour la création des richesses à travers la réactivation de la production nationale, estimant que c'est là la seule manière de combattre le fléau du chômage. L'intervenante se demande pourquoi le gouvernement maintient encore la loi 01/04 portant privatisation au moment où il en adopte d'autres qui lui sont opposées : «On ne peut avoir une loi et son contraire !» s'indigne-t-elle tout en regrettant que des joyaux de l'industrie nationale, comme l'ENAD, aient été repris par des sociétés étrangères qui ne respectent pas le droit des travailleurs. C'est le cas notamment, dira-t-elle, dans le Sud où les travailleurs sont soumis carrément à de «l'esclavage». «Les exportations ont chuté de 5% ; en Europe, ils n'arrivent à consommer leur propres produits depuis la crise, comment voulez-vous qu'ils consomment les nôtres ?» s'interroge-t-elle, par ailleurs, avant de remettre en cause la zone de libre-échange entre pays arabes (ZALE), estimant qu'il s'agit en réalité d'un échange à sens unique avec les pays asiatiques. Dans le domaine pharmaceutique, la secrétaire générale du PT dit ne pas comprendre comment le gouvernement peut interdire l'importation de médicaments qui ne sont pas produits localement au risque de mettre en danger la vie de certains malades. A noter, enfin, que les travaux de cette session seront sanctionnés aujourd'hui par une conférence de presse qui sera aimée par Mme Hanoune.