Son sourire angélique cache mal l'obscurité de son regard. Le chagrin qui se dégage de ses mots est sans cesse en contradiction avec la jovialité de sa personne. Et pourtant, Akila Klai, jeune journaliste originaire de Annaba, a cultivé durant toute sa vie beaucoup d'espoir. Ambitieuse, battante et pétillante jusqu'à ce que… son destin chavire un après-midi d'un certain 15 mai 2007. Ce jour-là, elle est victime d'un accident de la circulation survenu lors de la visite du président Bouteflika à Annaba. Correspondante depuis 2002 du journal arabophone Echaab, Akila Klai souffre aujourd'hui encore le martyre en l'absence d'une prise en charge médicale et sociale alors qu'elle demeure «handicapée à 59%». Ainsi, en dépit des instructions du président Bouteflika, les responsables du journal Echaab se sont distingués par un comportement ignoble et méprisant à son égard. Et pour cause, le journal lui a alloué, durant près de six mois, une indemnité mensuelle de 15 000 DA ! Une somme dérisoire qui ne peut guère lui permettre de prendre en charge les frais nécessaires pour les soins de son traumatisme rachidien. La pauvre Akila présente une calvicieuse au niveau de la colonne vertébrale et une fatigabilité des membres inférieurs. Ne se déplaçant qu'avec difficulté, et ce, même à l'aide de béquilles, seule une intervention chirurgicale peut lui rendre l'espoir de venir à bout de son handicap. A cet effet, le ministère du Travail a consenti à assurer le déplacement, le 12 juin dernier, de Akila à Paris pour consulter les médecins de l'hôpital Beaujon. «Les médecins m'ont expliqué que je dois faire des séances de rééducation car mon dos est écrasé et une opération chirurgicale ne servira pas à grand-chose», confie-t-elle sur un ton amer. «Je n'ai pas les moyens de m'offrir des séances de rééducation à 3 000 DA. Je n'ai plus aucune source de revenu et seule ma famille m'épaule encore. J'ai frappé à toutes les portes et personne n'a cherché à m'aider car il me faut deux séances par semaine sur une période de 6 mois pour pouvoir, ensuite, subir l'intervention chirurgicale à Paris», ajoute-t-elle désemparée. Il est à signaler que, depuis son recrutement en 2002, notre consœur n'avait pas été déclarée à la Sécurité sociale. Et sans assurance, elle ne peut nullement se prendre en charge. Son employeur, le journal Echaab, ne reconnaît toujours pas sa responsabilité dans son accident du travail et ne lui tend même pas une main amicale. «J'ai rencontré à maintes reprises mon ancien directeur et je lui ai bien expliqué que je souffre financièrement. En plus, sans aucune source de revenu, je ne peux pas me soigner. Mais, face ma détresse, ce responsable m'a rétorqué irrespectueusement que je n'avais qu'à aller voir le président de la République puisque c'est lui qui m'a promis une prise en charge», raconte, sous le choc de ce souvenir, Akila Klai qui nous apprend par ailleurs que le patron de ce journal «étatique» nie carrément l'avoir désignée pour couvrir la visite du président de la République à Annaba le 14 mai 2007. Une pure aberration lorsqu'on sait que Akila possède tous les documents qui attestent qu'elle était bel et bien en mission de travail. Mensonge, mépris et indifférence ont transformé la vie de Akila en un terrible cauchemar. En ce moment, elle interpelle directement le président de la République pour que l'injustice dont elle est victime cesse enfin. «Je veux juste qu'on me réintègre dans mon travail et qu'on m'indemnise pour cet accident du travail. C'est quand même mon droit élémentaire. Et dire que je suis la fille d'un moudjahid qui a perdu un œil pour ce pays. Ma vie est brisée et ma dignité bafouée», s'alarme Akila, au bord du désespoir. A l'heure où nous mettons sous presse, notre consœur est contrainte d'emprunter de l'argent pour assurer des soins. Après tant de dévouement et d'abnégation pour son métier, ne mérite-t-elle pas un traitement plus «humain» ? A. S.