Malgré une décision de justice ordonnant son « annulation », la grève des enseignants de l'enseignement supérieur a été « massivement » suivie, hier, premier jour du mouvement. Selon le coordinateur de la région centre du Conseil national de l'enseignement supérieur (CNES), Farid Cherbal, ce sont les régions du centre et de l'ouest du pays qui se sont illustrées sur le terrain de la contestation. Et d'ajouter qu'ils sont « les plus nombreux à répondre à l'appel de leur syndicat ». « Nous maintenons le mouvement, conformément aux décisions souveraines émises par les assemblées générales des établissements, les 17 et 18 avril 2006. Il était convenu que le dernier mot revienne aux AG locales et non pas à la coordination nationale », nous a déclaré le syndicaliste, hier en fin d'après-midi. Notre interlocuteur tient également à signaler le fait que nombre d'établissements ne veulent plus de Ali Boukaroura à la tête du CNES. « Les assemblées générales tenues ce jour (hier, ndlr) à l'USTHB, à l'université de Blida, à l'Institut national d'agronomie, à l'USTO d'Oran, aux centres universitaires de Mascara, de Sidi Bel Abbès ou encore celui de Jijel, ont décidé de retirer leur confiance à Ali Boukaroura. Ils estiment que le coordinateur national du CNES refuse de défendre le droit de grève et les libertés syndicales », poursuit M. Cherbal. Dans une déclaration à l'APS, M. Boukaroura a annoncé, hier, que le CNES « se conforme à la décision de justice portant annulation de la grève d'une semaine ». Il a indiqué que « les deux tiers des membres du CNES ont décidé, à l'issue de leur réunion jeudi, d'annuler la grève d'une semaine et de se conformer à la décision de la justice, tout en organisant un mouvement de protestation, samedi et dimanche (hier et aujourd'hui) dans tous les établissements universitaires du pays, pour défendre, a-t-il dit, les libertés syndicales, y compris le droit de grève ». Loin de se considérer comme des « dissidents », les partisans de la grève voient en les « agissements » de Ali Boukaroura un « reniement » des principes fondamentaux du CNES. Ira-t-on vers une implosion d'un syndicat, qui, faut-il le souligner, ne cesse depuis dix ans d'occuper le terrain de la revendication ? En tout cas, « la réalité du terrain est loin d'être favorable au coordinateur national », estime un gréviste. La situation au premier jour de cette grève « d'évaluation », pour reprendre le terme des grévistes, fait ressortir qu'à Boumerdès, les examens, concernant 6000 étudiants, ont été bloqués hier. « L'administration a été obligée de les reporter au 20 mai 2006 », nous apprend Farid Cherbal. A l'EPAU d'El Harrach, où des examens ont été prévus, l'installation de la grève a aussi obligé l'administration de reporter les examens qui devaient concerner 1600 étudiants. A l'USTHB, au premier créneau de 8h-9h30, révèle le coordinateur régional « centre », seuls six amphis sur les vingt-quatre que compte l'universit é ont été occupés par des enseignants, soit un taux de suivi de 75%. Selon un communiqué transmis hier à notre rédaction par la cellule de communication du CNES coordination centre, une marche vers le rectorat (USTHB Bab Ezzouar) pour dénoncer la saisine de la justice par le recteur a clôturé l'AG. Le même communiqué ajoute qu'à Blida, « la grève ouverte a été massivement suivie ». Les enseignants revendiquent un statut spécifique à la profession, la revalorisation des salaires, le droit aux quotas de logements et le libre exercice du droit syndical.