L'implantation des espaces verts et de détente dans le tissu urbain n'est pas systématique lors de la construction des cités. L'acte de bâtir se limite dans notre pays à ériger des immeubles et à réaliser des logements, le souci des citoyens étant d'avoir un toit. Si bien que nos quartiers ne sont constitués que de blocs de béton qui rivalisent de laideur et semblent vouloir se bouffer les uns les autres tant ils sont rapprochés. La verdure est un lointain souvenir pour les générations qui ont eu la chance de respirer un air frais dans les alentours de leurs habitations. Ces espaces n'existent pratiquement plus, des bâtiments y ont remplacé les arbres et les fleurs. Les villes ont été amputées de ce qui constituaient leurs poumons, et n'en peuvent plus d'aspirer du gaz carbonique et de subir toutes les pollutions. L'urbanisation s'est faite dans l'anarchie, sans aucune esthétique, tout en venant à bout des sites ombragés. Ceux qui ont pu échapper au béton ne suscitent pas l'envie de s'y reposer, tant ils ont subi des dégradations. L'herbe ne pousse plus là où les humains ont tout écrasé sous leurs pieds, les fleurs se sont esquivées depuis longtemps alors qu'il ne reste des arbres que des troncs chétifs. Sans oublier que des décharges sauvages y sont devenues un décor inévitable. Il faut dire que la prise en charge et l'entretien de ces lieux n'a jamais fait partie des préoccupations des élus. Les jardins publics n'ont pas été épargnés, non plus, par le laisser-aller qui a fini par en faire des refuges pour des ivrognes et des malfaiteurs et par dissuader les plus audacieux à fréquenter ces endroits. On peut toutefois se féliciter de la création d'espaces verts, notamment dans les nouvelles cités habitées récemment ou en construction. Les nouvelles directives données par les pouvoirs publics insistent sur la réalisation de sites de détente au cœur des quartiers, et sur leur entretien. Des espaces équipés d'un mobilier urbain ornent certaines cités, à susciter l'envie de toutes ces autres qui n'ont pour seule verdure que ces aires accaparées et clôturées par les occupants des rez-de-chaussée d'immeubles. Cette pratique s'est généralisée au point d'être considérée comme un acquis par des habitants qui ne se soucient nullement des conséquences sur leur voisinage. R. M.