Propos recueillis par Nabila Belbachir et Fella Bouredji Drogue, alcool, sexualité, homosexualité, athéisme, avortements clandestins, hymenoplastie, Sida... Autant de réalités algériennes voilées... des tabous que nos jeunes tentent de bousculer avec leurs témoignages : Feriel, 24 ans : «Je pense que tout le monde se voile la face dans ce pays; on s'efforce de faire bonne figure sans arrêt, mais la vérité c'est que tous ces problèmes cités dans votre dossier existent réellement et que personne n'ose les aborder de front. J'ajouterai à cela le suicide qui est l'une des conséquences les plus désastreuses de ces tabous. La jeunesse algérienne est incomprise parce que prisonnière du silence, elle se consume de l'intérieur et ça fait des dégâts monstrueux» Sakina, 25ans, partage son opinion : «Du point de vue religieux, les relations sexuelles sont prohibées hors le cadre du mariage, et ce, pour les hommes autant que les femmes, sauf que la société, bizarrement, n'impose aucune limite aux mâles, sans doute parce que, eux, ne comportent aucun moyen de mesures de chasteté. Les femmes, elles, sanctionnées par leur “hymen”, sont obligées de gérer un lourd fardeau d'abord, parce qu'elles assument une réputation et l'honneur de la famille».Imane, 32 ans s'explique : «Personnellement, je suis contre le sexe hors mariage, que ce soit pour les uns comme pour les autres, mais comme je l'ai déjà dit, il n'y a pas de mesure capable de réglementer la chose, puisqu'elle tient d'abord de la liberté individuelle, et des choix personnels. Ce que je souhaite seulement, c'est que les hommes de mon pays, cessent de se comporter en égoïstes, et comprennent pour une fois, qu'il n'est pas possible d'avoir le beurre et l'argent du beurre. Une femme n'est pas juste une membrane, et la chasteté est une valeur dont aucun saignement ne peut être le sceau indiscutable. Les mentalités doivent changer, et tout un chacun est amené à penser d'abord que c'est de son comportement que découlent les issues de son futur. Si vous voulez des femmes réellement hastes, que personne n'a foulé avant vous, abstenez-vous d'abord, sinon, vous n'en aurez que pour vos mensonges ». Salim, 22 ans s'exprime : «Moi 'aimerais parler de religion, d'athéisme plus particulièrement. C'est un sujet qui me tient à cœur. C'est une liberté que ce pays nous refuse. Du refus, de l'incompréhension et pleins de jugements sont portés sur les personnes athées. Je crois qu'en Algérie tout le monde se mêle des affaires personnelles des autres. Ma devise à moi, est de respecter les libertés de chacun. »Amina, 28 ans, porte un regard objectif sur son homosexualité : «C'est un phénomène qui prend une ampleur dans notre société, surtout dans les milieux estudiantins et dans les cercles fermés ; comme les boites de nuit. Ce phénomène est dû à mon avis à plusieurs facteurs dans notre société, comme l'éducation de la femme et cette tradition qui fait de l'homme un ennemi et aussi le problème du célibat et les études qui prennent une grande partie de la vie de la jeune fille avec la répression de notre société envers sa relation avec l'homme, elle se tourne vers le même sexe, et le chômage pour les jeunes qui recule l'âge de mariage à la trentaine et plus, mais ce phénomène n'est plus un tabou dans la société puisqu'il y a des “garçons manqués” qui manifestent, avec leur look et des gestes, viendra le jour où on parlera des droits des homos en Algérie !»