Quelque 878 cas de sida ont été enregistrés en Algérie de 1985 au 30 octobre 2008, pour 3 416 déclarés séropositifs (porteurs du virus HIV). Ce sont là des chiffres officiels et contestés par beaucoup de professionnels qui pensent que cette maladie taboue touche beaucoup plus de personnes tapis dans l'ombre. Avoir le sida en Algérie n'est pas chose facile car ça lève le voile sur des réalités qu'on veut absolument taire. Notamment sur les pratiques sexuelles. Tout comme plusieurs autres phénomènes, tels les avortements clandestins et l'hymenoplastie, le sida lève le voile sur des changements dans les mœurs algériennes. Ces phénomènes confirment une volonté d'émancipation sexuelle de la part de beaucoup de jeunes, même si celle-ci s'opère dans le silence. Parce que mal informés et inconscients des enjeux de certaines pratiques, beaucoup de jeunes, de différentes catégories sociales, se retrouvent dans des situations inextricables. Jeunes filles involontairement enceintes qui se font avorter, jeunes filles qui perdent leur virginité et qui recourent à l'hymenoplastie souvent de façon risquée, transmission du sida très répandue dans les milieux homosexuels… Pour éviter ce genre de comportement à risques qui peuvent être sources de fléaux, dans plusieurs pays, c'est le recours à l'éducation sexuelle en milieu scolaire qui se fait à raison de quelques séances annuelles, qui tente de répondre à ses problèmes. Et dans ces cas, les maîtres-mots sont la vulgarisation de plusieurs concepts et idées qui entrent toutes dans une politique de prévention. L'Algérie ne fait évidemment pas partie de ces pays pour des raisons diverses dont la religion est la première à être mise en avant. Mais au vu et au su de tous les phénomènes qui se propagent dans la société, force est de constater que la religion ne devrait pas empêcher l'éducation à la sexualité. Ni qu'aurait-on besoin de leur apprendre dans ces cours que la religion musulmane réprouverait ? Rien en définitif. Juste l'essentiel pour éviter l'irréparable au cas où des situations qui leur échappent surviendrait. Car c'est souvent en se laissant aller et sans l'avoir décidé et s'être préparé que des jeunes passent le cap. Pas besoin d'inventer le fil à couper le beurre, il suffit de cesser de se voiler la face et de leur apprendre un comportement responsable et prudent, comme il est fait ailleurs. La compréhension et le respect de la loi, la responsabilité individuelle et collective constituent des objectifs essentiels de cette démarche éducative. L'éducation à la sexualité, à l'école, au collège et au lycée, pourrait permettre aux jeunes de comprendre les différentes imensions de la sexualité et donc favoriser des attitudes de responsabilité individuelle et collective, notamment des comportements de prévention et de protection de soi et d'autrui. F. B.