Les tabous sont-ils là pour protéger la société et réfréner ce que certains esprits bien pensants considèrent comme de «mauvaises conduites» ou ne servent-ils qu'à taire des réalités dont tout le monde acquiesce mais qu'on cache juste parce qu'il le faut bien ? Mieux encore, les tabous servent-ils la société et les jeunes ou ne font-ils qu'exacerber des fléaux sociaux ? C'est de ces interrogations de départ qu'est née notre envie de faire une halte sur plusieurs hénomènes de société qui ne cessent de prendre de l'ampleur pendant qu'un véritable silence commun tente de les voiler. Dans cette confortable bienséance dans laquelle se complait la société, des fissures et des brèches laissent échapper des réalités saisissantes. Sexualité, consommation banaliséed'alcool et de drogues, homosexualité… des faits réels qui se sont fait une place indéfectible dans le quotidien algérien. Si bien qu'on aime en parler dans des discussions de colportage pour stigmatiser l'un ou l'autre. Mais les apparences deviennent de plus en plus trompeuses, et ces réalités touchent des visages inattendus. Si cela s'arrêtait là, on aurait juste à parler d'une société qui ne s'assume pas. Mais le constat que nous avons eu à faire est autre. Les tabous qui entourent le sexe, l'absence de vulgarisation de certaines réalités augmentent les fléaux sociaux. Par manque d'information, des jeunes filles tombent enceintes, se font avorter parfois dans des circonstances traumatisantes et sans trop savoir ce qu'il leur arrive. En s'adonnant à des pratiques sexuelles sans protection, d'autres contractent des maladies sexuellement transmissibles dont la pire est le sida. Et le constat inéluctable est si simple à faire : informer les jeunes, bousculer les tabous pour leur apprendre à se protéger, servirait plus la société. «On ne parle pas de sexe à nos jeunes parce qu'ils ne doivent pas avoir de rapports sexuels avant le mariage, en vulgarisant ce sujet nous les poussons à la faute», répliqueront les plus conservateurs. A ceux-là nous répondons : «Il faut voir la réalité en face, trop de jeunes ne choisissent plus l'abstention et le devoir des parents, de l'école et de la société est de les informer, de les écouter et de les protéger quels que soient leurs choix.» F. B.