Bien que les paroles ne peuvent consoler le peuple palestinien éternel martyr d'Israël, du sionisme et de ses agents et lobbys à travers le monde, ni le soulager, les historiens ne peuvent se priver d'en parler, de débattre et d'essayer de comprendre pour relater le drame d'un peuple. C'est dans ce cadre qu'une table ronde a été organisée hier au 14ème Salon international du livre d'Alger autour du thème «El Qods et la Palestine : situation et perspectives». La rencontre a eu lieu à la salle El Qods. Parmi les présents, on citera le Palestinien Hassan Balawi et l'historien français Alain Gresh. Martyrisés, chassés des leurs terres et de leur pays, spoliés de tous leurs droits, les Palestiniens voient leur drame chaque jour s'aggraver, sans que personne ne lève le petit doigt. Après la construction du fameux mur, ils se retrouvent aujourd'hui impuissants face aux colons et à l'armée sionistes. A ce propos, Alain Gresh s'efforcera de décrypter les visées des Israéliens. Veulent-ils un seul Etat et toléreront-ils un jour la présence des Palestiniens ? «Je profite de ma présence en Algérie pour réfléchir à la situation palestinienne puisque l'Algérie a décidé de célébrer El Qods, capitale éternelle de la culture arabe», dira-t-il d'emblée. «En observant l'Europe du XVIIIe siècle, j'ai déduit qu'il existait deux sortes de colonialismes. Le premier s'appelle le colonialisme de contrôle et le second, plus rare et plus destructeur, le colonialisme de peuplement tel que cela s'est passé en Algérie et se passe actuellement en Palestine. Là où les colons aspirent à exterminer la population et la répudier aux frontières. Mais là aussi il y a deux cas de figure. Là où les colons réussissent et deviennent la majorité écrasante de la population et un autre cas où le nombre des colonisateurs n'est pas suffisant pour remplacer la population tels qu'en Algérie», dira-t-il. «Mais en Algérie, on vu naître une lutte pour la libération», ajoutera-t-il. «Il existe un cas à part, celui du colonialisme qui sévit en Palestine, qui, non seulement assassine le peuple, mais a créé un nouvel Etat ; c'est là que la situation s'est compliquée avec une présence massive de colons», explique M. Gresh. S'agissant du drame palestinien et de sa médiatisation pour sensibiliser l'opinion mondiale, l'historien soulignera que les Israéliens font tout pour barrer le chemin aux médias et les empêcher de faire leur travail, s'il ne cadre pas avec leurs desseins évidemment. Il prendra pour exemple le génocide de Ghaza. «Personne n'a vu ce qui s'est réellement passé, seuls les journalistes présents peuvent en témoigner mais ils étaient sous l'emprise de l'Etat sioniste. Ce n'est qu'aujourd'hui que certains médias se sont détachés pour soutenir la cause, ils ne sont plus dominés comme avant», dira-t-il. Concernant la situation actuelle d'El Qods, il dira qu'«il y a une impasse profonde qui ne se traduit pas sur le plan politique, les Palestiniens souffrent d'un manque de stratégie», soutiendra M. Gresh. Pour ce qui en est des perspectives, Alain Gresh ne se montre pas très optimiste. «Les perspectives sont très difficiles à déterminer. Cet Etat qui ne peut être bâti par deux parties a engendré une sorte de crise avec un effet démoralisateur pour la solidarité pro-palestinienne. Ce que les Palestiniens ont vécu est au-delà de ce que l'ont peut imaginer. Ghaza est déjà sous blocus depuis deux ans et demi», déplore l'historien. W. S.