La seconde édition du Salon international de l'enfant est victime de la reprise des cours. Le chahut des gamins, les pleurs et les rires des petits étaient absents hier matin, laissant les animateurs, les clowns et les exposants orphelins de leur raison d'être : les enfants. «Depuis l'ouverture du salon [29 octobre] jusqu'à hier [2 novembre], on avait du mal à se déplacer à l'intérieur du pavillon tellement la foule était dense. Mais, aujourd'hui, à cause de la rentrée des classe, c'est le calme plat», constate un exposant. En effet, les visiteurs, durant cette matinée, se faisaient rares. Deux jeunes femmes accompagnées de deux filles en bas âge erraient entre les pavillons. Un clown presque oisif, tente d'attirer leur attention. En vain, elles se réfugient dans les jupes de leur mère. «J'ai préféré venir au salon aujourd'hui pour éviter le rush des visiteurs. Comme mes filles ne sont pas en âge d'aller à l'école, c'est plus facile pour moi», explique la jeune maman. Pour ce qui est de l'attrait des stands, la même personne se dit «très satisfaite de ce qui est proposé. Les prix sont un peu élevés, mais le choix existe». Pour Salim, papa d'un enfant de deux ans, la satisfaction n'est pas partagée. Venu seul, il est à la recherche d'«un livre ou un DVD éducatif algérien» pour son fils. «Je n'arrive pas à trouver. Les produits proposés sont tous importés. Ceux qui sont fabriqués localement ne cadrent pas avec l'âge de mon fils ou sont mal faits.» Mais pourquoi s'acharne-t-il donc à rechercher un produit local ? «L'enfant a l'éducation qu'on lui donne. Il est difficile d'élever les enfants selon nos propres valeurs en leur présentant des supports éducatifs issus d'une autre culture, orientale ou occidentale. Pourtant, c'est le seul choix qui s'offre à nous.» Enseignant de profession, Salim déplore ce manque d'ouvrages dédiés aux «petits enfants». Un tour à travers les différents stands confirme le constat du jeune papa. La grande majorité des produits exposés sont importés. «On n'a pas ici de produits locaux. Tous ces livres sont importés, principalement de Tunisie», confie un responsable du la maison d'édition «El Maarifa». «Ce salon est concomitant à celui du livre. Les productions nationales issues de notre maison d'édition sont présentées dans notre stand du second événement», tente-t-il de justifier. Plus loin, au stand «Wildane», où des livres et des CD pour enfants sont proposés au milieu des recettes de cuisine et autres logiciels de maintenance de micro-ordinateurs, le constat est le même. Les quelques ouvrages locaux sont des magazines, des abécédaires ou du coloriage. Par contre, les livres parascolaires sont légion. «On n'encourage pas assez les auteurs de livres pour enfants. Cela ne doit pas être très rentable pour les éditeurs», estime M. Hadj Mouhamed, responsable de l'association «Etofola saaida» (enfance heureuse) basée à Ghardaïa. «En plus de l'organisation des cours de soutien et d'espaces de détente pour enfants, nous avons organisé des séminaires sur l'enfant ; nous avons tenu des séances de lecture à Ghardaïa. Les enfants faisaient la queue pour accéder, tellement la soif de lecture était profonde», poursuit-il. Donc, la demande d'ouvrages pour enfant existe, les talents sont disponibles, il faut juste motiver les créateurs. L'apprentissage de la vie et de la société se fait dès les premiers mots. Faisons attention aux premiers qui sortiront de la bouche de notre progéniture. A. S.