Les décisions prises depuis le début de l'année par les pouvoirs publics pour mettre de l'ordre dans l'économie nationale et la protéger, un tant soit peu, comme le font les autres pays, n'ont pas été du goût de beaucoup de milieux. En particulier les entreprises étrangères auxquelles a été faite l'obligation d'ouvrir leur capital à hauteur de 30% aux nationaux lorsqu'il s'agit d'importation. Mais aussi la détention par l'Etat algérien de 51% des actions dans le cadre d'opérations de partenariat, ainsi que l'interdiction d'importation de médicaments dont l'équivalent est fabriqué localement. La levée de boucliers suscitée par ces décisions est au demeurant compréhensible de la part des multinationales ou des sociétés étrangères. Leurs intérêts ont été ébranlés, ayant pris l'habitude d'engranger des bénéfices mirobolants qu'ils rapatrient illico presto sans avoir à rendre compte. Ce qui est, en revanche, inexplicable c'est le courroux des nationaux qui n'ont pas hésité à qualifier de tous les noms lesdites décisions, allant jusqu'à dire que de telles mesures étaient un véritable risque pour l'économie nationale et que l'Algérie était en passe de reculer en remettant en cause l'option de l'économie de marché. Ceux-là mêmes qui se plaignaient de la multitude de contraintes induites par l'environnement de l'investissement, l'archaïsme des banques, la concurrence déloyale, la contrefaçon, etc., et après avoir bénéficié d'une batterie de facilitations, se sont tout d'un coup élevés contre la loi de finances complémentaire, dénigrant par là même tous les dispositifs dont ils ont tiré avantage. En s'érigeant en porte-parole des entreprises étrangères, voire d'institutions étrangères. A l'image de l'ambassadrice de l'Union européenne qui s'est étonnée que les pouvoirs publics n'aient pas consulté ou informé l'UE des décisions qu'elle allait prendre, oubliant que l'Algérie est un Etat indépendant et souverain. Et que l'ère des pressions exercées sur elle alors qu'elle se trouvait dans une situation des plus critiques est révolue. En fait, la réaction des uns et des autres s'expliquent par le seul intérêt de l'argent. Cet instrument qui non seulement «pourrit la vie politique», mais est capable d'exercer un pouvoir sans partage en influant sur les décisions d'un pays, ou encore en faisant et défaisant des gouvernements. D'aucuns savent que l'argent et la politique ne font pas bon ménage en ce sens que lorsqu'il pénètre le milieu politique, il pervertit la notion même de la démocratie et bat en brèche le principe de «Un homme, une voix». C'est malheureusement le constat fait par nos politiques. C'est d'ailleurs à l'unisson qu'ils crient au loup en dénonçant l'achat des voix et des sièges en prévision des prochaines sénatoriales et le nomadisme politique. D'ailleurs, le Parlement, pour ne citer que cette institution dite de la République, censé représenter le socle démocratique, compte en effet beaucoup d'hommes d'affaires ou encore de richissimes personnages, dont la relation avec le politique n'a d'égal que les centaines de millions ou milliards qu'ils ont déboursés pour se frayer un chemin vers une éventuelle place au soleil. Certains d'entre eux en «violant» l'enceinte de l'institution législative, se voient déjà ministrables. En attendant, ils tissent des liens avec les plus hauts responsables du pays, nouent de supposées amitiés avec des centres de décision à l'échelle locale pour mieux asseoir leur pouvoir pour s'enrichir davantage. Cela sans que personne ne leur demande l'origine de leur argent, dès lors que d'aucuns n'ont eu vent d'un quelconque contrôle sur la déclaration du patrimoine de l'un des élus. C'est ainsi qu'ils réussissent, cela a déjà été prouvé de par le monde, à influer sur les décisions politiques du pays en fonction de leurs intérêts et des intérêts des groupes de pression qu'ils représentent. C'est donc avec l'argent que ces gens aspirent à gravir les échelons des centres de décision avec, faut-il le souligner, la complicité de certains partis politiques, contents de grossir leurs rangs moyennant des «sacs d'argent». Cela permet de les financer avec de l'argent sale qui est blanchi de la sorte et de remettre en cause toute notion de multipartisme et de démocratie. D'où la levée de boucliers contre les mesures visant à protéger l'économie nationale. F. A.