Photo : Riad De notre correspondant à Bouira Nacer Haniche Le mouvement associatif en Algérie enfanté dans la douleur, après l'ouverture démocratique qui a suivi les événements tragiques du 5 octobre 1988, a connu une existence ou une présence sur le terrain tortueuse et mouvementée avec la persistance de la conjoncture sécuritaire des années 1990 et des manœuvres politiques qui ont suivi, drainant un grand nombre d'associations hors du combat associatif et des objectifs tracés au départ. D'après certains animateurs au sein du mouvement associatif, l'aspiration au changement n'avait pas que des adeptes ou des militants convaincus, mais elle avait aussi ses détracteurs ou des gens qui ont souvent agi dans le sens des blocages ou d'atténuation de l'impact du mouvement associatif sur la société. Ainsi, on se souvient à Bouira du nombre d'associations culturelles et comités de quartier qui ont vu le jour après la promulgation de la loi 90-31 (1990). En effet, à la faveur de cette loi, en plus des partis politiques et des syndicats, la scène locale a été marquée par un foisonnement d'associations. La situation sécuritaire entre 1993 et 1999 a donné lieu à un recul du champ associatif à cause de la méfiance qui avait marqué, d'une part, les relations entre les associations locales ou nationales avec les responsables locaux et, d'autre part, les rapports existant entre les associations et les partis politiques. Les mêmes animateurs ajoutent que des responsables de l'administration et des formations politiques avaient toujours tenté d'instrumentaliser les associations, en mettant, parfois, des conditions à l'attribution de subventions ou de dons, par un alignement sur des choix politiques qui n'avaient aucune relation avec les missions des associations. Au cours de cette période, plusieurs associations de parents d'élèves ont été arrimées sur des luttes qui n'avaient rien à voir avec la scolarité des enfants. Au même moment, des associations culturelles furent marginalisées sur le plan financier et les moyens matériels et d'autres empêchées d'organiser des manifestations ou des activités, à cause de l'inexistence de textes de loi clairs concernant le rôle et les missions des associations. Face à cette situation, ces animateurs pensent que, compte tenu de la nouvelle réalité économique et sociale du pays, il est nécessaire de mettre en place un cadre juridique permettant l'activité associative libre en dehors de toute tutelle, notamment des partis et ce, afin de répondre aux exigences de la société, au niveau des quartiers, des villages, et des lieux de travail. D'autre part, plusieurs membres d'associations on ajouté qu'il est nécessaire de revoir les textes qui définissent le statut et les modalités de création, car comme c'est le cas des associations des parents d'élèves, les procédures actuelles sont très contraignantes. Un responsable d'une école affirme que «pour renouveler une association, il faut réunir l'assemblée générale des parents, dont les élèves sont scolarisés, élire le bureau, faire la passation de consignes avec l'association existante puis déposer le dossier d'agrément auprès de l'administration. Toute cette démarche nécessite actuellement au moins trois mois, ce qui se solde par le découragement des parents intéressés et engagés dans ce domaine». Alors qu'au niveau d'autres écoles, les parents préfèrent continuer de travailler avec les anciennes associations, dont le mandat a expiré, «tout simplement, car elles sont composées de gens qui ne veulent pas cesser leur activité». La même situation est constatée au niveau des autres secteurs, tels que la culture, la jeunesse et le sport, la santé et les collectivités locales. Dans l'ensemble, les autorités peinent à savoir le nombre exact d'associations qui activent ou qui ont une existence légale sur le terrain. Cette légalité est souvent présentée comme une justification par des responsables locaux qui refusent d'octroyer des aides ou des subventions à certaines associations.