Après avoir connu une existence tortueuse sur le terrain, le mouvement associatif au niveau de la région semble être réduit, ces derniers temps, à sa plus simple expression. Avec la disparition des associations culturelles et des comités de quartier, les citoyens ne trouvent aucun cadre pour porter leurs doléances auprès des autorités locales. En même temps, on assiste à l'émergence d'une multitude d'associations religieuses qui prennent en charge la construction de mosquées. De leur côté, les assemblées locales qui étaient, par le passé, chargées de travailler en coordination avec le mouvement associatif pour solutionner les préoccupations posées par les populations, auraient pris la décision de mettre à l'écart ces associations et les comités de quartier ; ces derniers ne sont plus associés dans les réunions des APC aux distributions de logements ou aux débats relatifs aux problèmes posés dans les quartiers et cités, alors que les collectifs culturels, eux, se voient carrément mis à l'écart du fait que même les commissions chargées d'activités culturelles sont inactives au niveau des différentes communes de la wilaya. Ainsi, ces derniers mois, le mouvement associatif n'est sollicité que lorsqu'un problème surgit et que la situation devient explosive au point où la contestation s'exprime dans la rue. Face à cette situation, les autorités tentent d'agir pour redresser la barre. Nous avons appris que la wilaya s'apprête à inaugurer «la maison des associations» qui devra abriter les différentes associations qui activent sur le terrain. Mais que reste-t-il de ce mouvement associatif né à la faveur de l'ouverture démocratique de 1989 ? D'après certains animateurs, au sein du mouvement associatif, l'aspiration au changement n'avait pas que des militants convaincus, mais elle avait aussi ses détracteurs ou des gens qui ont souvent agi dans le sens des blocages ou d'atténuation de l'impact du mouvement associatif sur la société. Ainsi, plusieurs se souviennent à Bouira du nombre d'associations culturelles et comités de quartiers qui ont vu le jour après la promulgation de la loi 90-31 (1990). En effet, en plus des partis politiques et des syndicats, la scène locale a été marquée par un foisonnement d'associations. La situation sécuritaire entre 1993 et 1999 a donné lieu à un recul de leur action et activité à cause de la méfiance qui avait marqué, d'une part, les relations entre les associations locales ou nationales avec les responsables locaux et d'autre part, les rapports existant entre les associations et les partis politiques. Les mêmes animateurs ajoutent que des responsables de l'administration et des formations politiques avaient toujours tenté d'instrumentaliser les associations, en conditionnant l'attribution de subventions ou de dons par un alignement sur des choix politiques qui n'ont aucune relation avec les missions des associations. Au cours de cette période, plusieurs associations de parents d'élèves ont été arrimées à des objectifs qui n'ont rien à voir avec la scolarité des enfants. Au même moment, des associations culturelles furent marginalisées sur le plan financier et moyens matériels alors que d'autres sont empêchées d'organiser des manifestations ou des activités, à cause de l'inexistence de textes de lois claires concernant le rôle et les missions des associations.