Photo : S. Zoheir Par Abderrahmane Semmar Il a toujours le drapeau national à la main. Son brassard aux couleurs de l'Algérie ne le quitte jamais. Son bandana en vert, rouge et blanc lui donne de l'allure. Le maillot gravé du nom et du numéro de Ziani ou de Bouguerra lui sied à merveille. Avec sa voiture ornée du drapeau national, il défile chaque jour avec la musique à fond. «Maak ya el khadra» est aujourd'hui son hymne personnel. Plus qu'un symbole, la lumière qui pétille dans ses yeux est une invitation à la découverte. La découverte d'un nouveau genre de supporter. Un spécimen qui ne soutient pas seulement une équipe, mais qui fait corps et âme avec elle. Sa vie, ses espoirs, son rêve, son bonheur, il est prêt à troquer tout ça contre une qualification pour la Coupe du monde. Les Fennecs, pour lui, ne sont pas une simple équipe de football. C'est avant tout un amour qui lui a rendu sa fierté. Lui, c'est le supporter algérien. Quelqu'un que nous croisons chaque jour dans nos rues. Quelqu'un qui nous a plongés, bon gré mal gré, dans l'ambiance des grands jours. Et comme un songe qui hante notre subconscient, il se décuple au quotidien puisqu'il ne marche jamais seul… Le supporter algérien n'est jamais un, il est des millions… Dans cette description, Mahmoud se reconnaît amplement. «Oui, pour moi, tout ce qui compte en ce moment, c'est notre qualification pour la Coupe du monde», assure-t-il d'un ton ferme. «Nous avons une grande équipe qui a redoré notre blason. C'est cette équipe qui a rappelé au monde que nous ne nous sommes pas des terroristes ou des gens malheureux. Nos joueurs nous ont honorés en donnant le meilleur d'eux-mêmes pour leur pays. Ils sont un exemple», assène-t-il. Originaire de Djelfa, Mahmoud s'est armé de toute la panoplie du parfait supporter. Bourrée de maillots et de tee-shirts, son armoire va exploser. Les DVD des matches des Fennecs, il les collectionne. Même pour jouer un match avec ses amis, il sort son équipement complet, bien sûr, une copie parfaite de la tenue du vrai joueur des Fennecs. Mais le clou de l'affaire est incontestablement son voyage au Caire. «J'ai économisé pendant deux mois. J'ai convaincu aussi quelques amis de la nécessité d'être là-bas pour soutenir notre équipe nationale. On ne doit surtout pas laisser l'initiative aux Egyptiens seulement», raconte-t-il. «Au Caire, nous allons défiler après notre victoire car je suis sûr que nous allons nous qualifier pour la Coupe du monde», ajoute-t-il. La violence des Egyptiens, leur hostilité, le risque de se faire agresser, de tout ça, Mahmoud se contrefiche royalement. «Il faut avoir le courage de vivre et de se battre pour sa passion», résume-t-il sans la moindre naïveté. A l'entendre, ce match vaut tous les sacrifices. «On lavera toutes les humiliations qu'ils nous ont fait subir», analyse-t-il. Mais le football mérite-t-il tout cela ? «Bien sûr que oui. L'Algérie ne brille dans aucun domaine. Alors, laissons le foot nous redonner la grandeur d'antan», conclut-il, le regard pétillant…