Photo : Sahel Par Abderrahmane Semmar Historique ! Tout l'était au cours de cette journée que personne n'est près d'oublier. L'Algérie a gagné contre la Zambie. Une victoire qui la rapproche davantage du Mondial. Une victoire qui lui redonne sa place de favori sur l'échiquier du football international. Deux buts qui ont propulsé le peuple algérien dans un monde où le bonheur rivalise avec la quiétude et se fond volontiers dans la félicité. De la célèbre avenue Didouche Mourad en passant par la place du 1er Mai jusqu'à Bab El Oued et Belouizdad, des embouteillages monstres ont bloqué jusqu'au bout de la nuit les rues de la capitale, non pour l'étouffer, mais bien pour la transformer en une immense scène de liesse, théâtre de transe et de jubilation. Klaxons, youyous, chants, danses, slogans glorificateurs, la joie se déclinait sur les visages comme un arc-en-ciel qui illumine le ciel par ses couleurs vivantes. Particulière fut également cette explosion de joie dans une capitale qui a connu tant de temps obscurs par le passé. Les Verts ont ébranlé la sinistrose qui a inhibé durant longtemps nos concitoyens enclins à penser le monde en noir et en négatif. Hier, quelque chose a bel et bien changé. Les Algériens ont renoué avec le sourire et l'allégresse. Et avec la fierté aussi. «C'est incroyable. C'est vraiment incroyable. Je suis aux anges. Je vais défiler jusqu'à l'aube. Les Verts m'ont redonné l'espoir. L'Algérie est un pays qui peut aller loin. On n'a plus de raison de douter de soi», s'écrie, sur le toit d'une petite citadine, un supporter, le visage coloré en vert, rouge et blanc. «Oui, nous ne sommes plus des faibles. On n'est plus la risée des nations. Nos joueurs nous ont donné une leçon de patriotisme. Lorsqu'on se bat pour ce qu'on veut, on finit par l'obtenir», commente, pour sa part, une jeune supportrice, le visage recouvert d'un foulard aux couleurs nationales. Le drapeau hissé à la force des bras, la voix portée par un enthousiasme de guerrier, les lèvres étirées par un sourire qu'aucun peintre ne saurait esquisser avec la même élégance, les amoureux des Fennecs, du foot et de l'Algérie qui se retrouve grâce à son équipe nationale, ont irrigué Alger par leurs rayons de bonheur. Des voitures enrobées de drapeaux nationaux, les têtes enveloppées de bandanas et les yeux qui pétillent, les jeunes, les vieux, les familles, les couples, les enfants, bref les Algériens tout court, ont investi les rues pour clamer leur fierté de cette équipe qui a démontré que l'impossible n'est finalement qu'une illusion. «Bravo ! Je tiens à leur dire merci pour tout ce qu'ils nous ont apporté. Merci pour tout ce bonheur. Merci pour nous avoir rendu notre fierté», s'extasie une vieille hadja qui lance de ses tripes des youyous vibrants. «Aujourd'hui, l'échec n'est plus une tare algérienne. Cette victoire nous a décomplexés. Le temps de l'Algérie morne et défaitiste est révolu. Voici venu le temps de la conquête et de la victoire», réagit, avec une voix rauque, un père de famille qui lève son petit garçon au ciel. Le chérubin, malgré son corps frêle, trouve la force de hisser le drapeau national et de le trembloter par sa voix enfantine, certes, mais ô combien profonde et révélatrice d'une exultation sans pareille. Une image, mieux encore, c'est tout un symbole. Le symbole d'une Algérie en fête et d'un pays, d'un peuple qui retrouve le goût de la victoire.