De notre envoyé spécial au Caire Abdelghani Aichoun Les Algériens étaient fort nombreux hier au Caire pour afficher leur soutien à l'équipe nationale. Venus nombreux de toutes les régions du pays, certains en passant par des agences de voyages et d'autres en «solo», ainsi qu'a partir de l'Europe, pour d'autres, les supporters des Verts ont joint leur voix à l'ambiance ambiante dans la capitale égyptienne, quoique leur présence soit de moins en moins timide, notamment à l'approche du match, en raison des instructions des services de sécurité égyptiens qui leur ont demandé de ne pas trop s'afficher et de démarrer à partir des hôtels où ils résidaient en direction du stade, en groupes, afin d'éviter tout «affrontement» avec les supporters égyptiens. Dans les différents hôtels où les Algériens logeaient, c'est une éternelle fête. Aux cris de «one, two, three, viva l'Algérie», ils ne rataient pas une occasion pour afficher leurs couleurs. Tous les établissements hôteliers se transformaient inéluctablement en un «cercle» des supporters des Fennecs. Pour ceux qui ont «osé» des sorties à l'extérieur le matin du jour du match, les discussions avec les supporters égyptiens étaient plutôt sympathiques, d'après leurs témoignages. Il est vrai que les «débats» avec les Egyptiens rencontrés la veille à Khan Khallili tournaient principalement autour du match. Dès qu'ils se sont aperçus qu'ils avaient affaire à des Algériens, ils évoquaient la rencontre en pronostiquant sur le résultat. «On va vous battre par trois à zéro», disent-ils en général. Mais cela ne dépassait jamais le stade «amical» des discussions. Seulement, le jour du match, les discussions devenaient de plus en plus chaudes. C'est pour cela que les services de sécurité ont décidé de tout faire pour éviter un quelconque «rapprochement», même en route, entre les supporters des deux camps. Des «mesures» qui se sont apparemment avérées insuffisantes puisque certains journalistes et supporters ont vécu un véritable calvaire dès qu'ils se sont approchés du stade. Dans la matinée, des journalistes, qui se sont déplacés dans uns annexe du stade du Caire pour se faire accréditer, ont failli se faire lyncher par quelques supporters surexcités. Fort heureusement, à ce moment-là, il n'y avait pas encore foule. Mais le pire a été vécu dans l'après-midi, notamment par la délégation du charter organisé par les quotidiens la Tribune et le Temps ainsi que l'agence de voyages «Paradise Travel». Se dirigeant vers le stade, les supporters et journalistes ont été renvoyés d'une porte d'accès à une autre pendant un long moment. Ils ont même été menés à travers une ruelle étroite ou les services de sécurité étaient peu nombreux comparativement au nombre de supporters égyptiens. Les trois bus ont été assiégés par la foule. Des pierres ont été lancées vers eux. Certains supporters s'en sont même pris aux vitres. Il aura fallu l'intervention de l'ambassade d'Algérie en Egypte pour que les agents de sécurité se décident à intervenir et surtout permettre aux bus d'accéder au stade à travers la porte réservée aux VIP aux environs de 16 heures (heure égyptienne), trois heures avant la rencontre. Certains se sont déplacés au Caire sans être sûrs d'accéder au stade. Mais, ce qui a surpris plus d'un, c'est le fait que les Algériens sont venus de partout. Djalil, trentenaire, a tenu à faire le déplacement depuis Londres où il vit. «C'est une occasion qui ne se rate pas. C'est dans ces moments que l'équipe nationale a besoin le plus de nous. Je suis arrivé vendredi vers minuit afin d'assister au match et repartir le lendemain (aujourd'hui, ndlr). J'espère rentrer chez moi avec la joie d'une qualification au Mondial», nous a-t-il dit. Dans le même esprit, Farida, émigrée vivant de Paris, âgée de moins de 25 ans, s'est déplacée également toute seule depuis la capitale française. Une aventure qui a surpris plus d'un. Rencontrée par hasard au Caire, une délégation algérienne l'a prise en charge pour l'aider à accéder au stade ; elle n'avait pas de billet d'accès. D'autres, venus d'Algérie, ont surpris les uns et les autres par leurs «témérité». Ils ont acheté des billets d'avion sans avoir obtenu auparavant le visa, encore moins le billet d'accès au stade. C'est le cas de Brahim, un jeune de Médéa, qui s'est retrouvé au Caire avec un billet d'accès au stade qui lui a été offert sur place. Les modalités de visa ont été réglées, pour son bonheur, à l'aéroport du Caire. D'autres ont fait le déplacement sans avoir pour autant assez d'argent pour assurer leur hébergement. S'ils n'ont pas «galéré», c'est grâce à la solidarité des supporters algériens qui leur sont venus en aide, les uns en les hébergeant, d'autres financièrement. Les Algériennes et les Algériens qui se sont déplacés au Caire, à l'occasion de cette rencontre, ont démontré, de belle manière, qu'ils étaient capables de soutenir leur équipe même dans des contextes difficiles.