Photo : Riad De notre correspondant à Tizi Ouzou Lakhdar Siad Dans les déclarations et les discours des autorités locales, le «développement» du tourisme dans la wilaya de Tizi Ouzou est concentré ces dernières années sur l'aménagement et «l'embellissement» de la dizaine de plages exiguës des deux villes côtières de la wilaya, Tigzirt et Azeffoun et, à un degré moindre, celles des communes d'Iflissen et d'Aït Chafaa. Dans l'esprit des responsables locaux du secteur, le tourisme semble signifier : saison estivale, plage, Protection civile, noyades et sauvetage. Alors que la Kabylie est naturellement une région touristique par excellence ! Les zones touristiques sont absentes, au même titre d'ailleurs que les zones d'activité et industrielles des actions de développement et les résultats et bilans sont réduits à ceux des fréquentations et prestations au niveau des plages qui, au demeurant, sont faibles et en deçà des potentialités. La stagnation des infrastructures hôtelières depuis des décennies est l'un des indices majeurs du statu quo qui caractérise ce domaine économique important pour la région. Qu'est-ce qui a changé depuis les promesses publiques de développement sur les plages des villes côtières d'Azeffoun et de Tigzirt ? A l'exception du boulevard du front de mer (Yacef Omar, dit petit Omar) qui a connu des travaux d'aménagement, d'ailleurs toujours en cours, confirmant ainsi une énième fois les retards des projets tous secteurs confondus, engagés en Kabylie, il n'y a pas grand-chose à signaler à Azeffoun dans la perspective de la saison estivale qui pointe. «Nous avons commencé par le boulevard du front de mer qui est la vitrine de la ville d'Azeffoun ; actuellement nous sommes dans la deuxième tranche des travaux d'achèvement de ce boulevard qui va jusqu'au vieux port», déclare M. Ouali, président de l'APC d'Azeffoun. A Tigzirt, le port de pêche et de plaisance a été réceptionné après plusieurs mois de retard et est devenu l'attraction majeure des visiteurs et vacanciers alors que le nombre d'infrastructures touristiques n'a pas bougé. Les commerçants de Tigzirt qui sont le véritable baromètre de l'activité commerciale dans la ville avaient recouru durant la saison estivale de 2008 à trois grèves consécutives pour manifester leur désarroi de la situation qu'ils vivent et endurent en été. Entre autres revendications, celle de la réouverture de la RN 24, qui relie leur ville à la wilaya de Boumerdès, fermée en 1993 pour des raisons de sécurité, le renforcement du réseau d'AEP, le raccordement des habitations au gaz de ville, des structures sanitaires de qualité et en nombre suffisant, des moyens de transport réguliers avec des prestations de niveau, le règlement définitif des problèmes nés de la gestion des déchets ménagers, «compréhension et souplesse» dans le traitement des estivants de la part des services de sécurité au niveau des postes de contrôle et une révision du tableau de paiement des impôts sur la base de l'activité réelle. Les commerçants n'ont pas eu tort, et pour preuve, en 2008, la fréquentation hôtelière dans la wilaya de Tizi Ouzou a accusé une diminution de 10% par rapport à 2007. Mais le volet sécuritaire est celui dont on fait le plus mention à chaque entame de la saison estivale, jetant de l'ombre sur les préoccupations qui doivent être celles de tous les responsables du tourisme. «Les citoyens venant d'Alger ou d'ailleurs ont peur de la route de Tigzirt», ou «la route de Tigzirt fait toujours peur aux étrangers» sont les leitmotivs qui reviennent souvent dans la bouche des patrons d'établissements hôteliers de cette ville. «Les gens craignent pour leur vie malgré leur désir de venir passer quelques jours de détente au bord des plages de Tigzirt. Quand un Algérois apprend que nous empruntons sans tracas ni inquiétude quotidiennement la route de Tigzirt, il est étonné», rapporte un autre hôtelier de Tigzirt. A quelques semaines du lancement officiel de la saison estivale, rien ne présage une amélioration sensible des prestations de services dues aux estivants. Les commerçants et les hôteliers devront encore patienter pour rentabiliser leurs commerces et pouvoir ainsi satisfaire leur clientèle.