Photo : S. Zoheïr De notre envoyé spécial au Caire Abdelghani Aïchoun Les Algériens, qui se sont déplacés en Egypte pour s'acquitter de leur mission pour les uns ou pour soutenir les Verts pour les autres, ont vécu une nuit cauchemardesque samedi dernier au Caire. Supporters, journalistes et même membres de la délégation de l'équipe nationale, en premier lieu les joueurs, ont subi un comportement des plus «anti-sportif» -et le terme est faible– de la part des Egyptiens. Un «scénario» qui avait commencé à prendre forme bien avant le début de la rencontre lorsque des groupes de supporters algériens avaient rencontré d'énormes difficultés pour accéder à la tribune du stade qui leur a été réservée. Un avant-goût, finalement, de ce qui allait suivre. Des journalistes, notamment ceux qui se sont mis à l'avant de la tribune, ont été harcelés sans cesse au point qu'il y a eu plusieurs «accrochages». Un enfant de 12 ans, accompagnant son père venu du Canada spécialement pour voir ce match, a été blessé par un Egyptien qui a usé d'un tuyau en plastique à l'encontre des journalistes. Les traces de la blessure sur cet enfant, lequel s'est évanoui pendant un moment, étaient fortement visible deux heures après la fin de la rencontre. Certains responsables égyptiens au niveau du centre de presse du stade ont même fait le forcing pour arracher les drapeaux algériens sous prétexte que cela «n'est pas permis». Mais le plus grave a été réservé pour la fin du match. La sélection algérienne de football a dû attendre près de deux heures pour quitter le stade devant le refus des agents des services de sécurité de leur ouvrir le portail. Il aura fallu l'intervention d'un commissaire de FIFA, un Suisse, pour que le problème se règle. Un comportement qui a suscité l'ire du président de la Fédération algérienne de football (FAF), M. Mohamed Raouraoua, qui a tiré à boulets rouges sur la mauvaise organisation qui a prévalu à l'occasion de cette rencontre. «C'est un complot et non un match», dira-t-il quelques instants avant son départ. Même le ministre de la Solidarité nationale, M. Djamel Ould Abbes, qui avait assisté au match, n'avait pu contenir sa colère. «On leur a donné une leçon de civisme», a-t-il déclaré. Il a indiqué qu'un rapport sera déposé auprès du Premier ministre à propos, entre autres, d'un incident qui a eu lieu à l'entrée du stade lorsque des agents avaient demandé aux femmes algériennes «d'ôter» leurs habits pour être fouillées. Devant le refus de ces dernières, ces agents leur ont signifié qu'elles ne pourront pas accéder à l'intérieur du stade. Ça a failli dégénérer. Mais la surprise a été réservée aux supporters. Des pierres ont été lancées contre les deux bus transportant la délégation du vol charter organisé par les journaux la Tribune et le Temps ainsi que l'agence de voyages «Paradise Travel», brisant toutes les vitres. Plusieurs blessés ont été dénombrés. Cela s'est passé alors que ces bus étaient escortés par des véhicules de la police égyptienne. Les passagers ont dû s'allonger par terre pour éviter les pierres qui s'abattaient sur eux à l'intérieur des bus. Certains d'entre eux, notamment quelques filles, sont toujours sous le choc. Vers 2 h, des informations rapportaient que des supporters algériens étaient toujours bloqués au stade. Des informations font état de plusieurs cas de blessés graves ou même de morts, (on cite dix cas de décès). Les uns et les autres étaient, à ce moment-là, préoccupés beaucoup plus par le sort des supporters qui ne sont pas venus en Egypte par l'intermédiaire d'agences de voyages. «Que se serait-il passé si nous les avions éliminés», lançaient certains. Le lendemain (hier, ndlr), les choses n'étaient pas meilleures notamment au niveau de l'aéroport où les supporters algériens étaient harceler sans cesse. Les Egyptiens présents sur les lieux - les autorités n'avaient pas prévues de séparer les deux camps - se sont violemment pris aux supporters des Verts. jets de différents projectiles ou de chaises, quelques algériens se sont également blessés. En tout cas, cette nuit du samedi 14 novembre va certainement rester gravée dans la mémoire des Algériens qui se sont rendus au Caire pour soutenir leur équipe. Le pire a été évité de justesse… Les supporters ont commencé à parler du déplacement vers le Soudan. Il faut occuper les 20 000 places, disent-ils.