Il a suffi d'une rencontre de football pour que des questions stratégiques se posent avec acuité à travers les médias arabes qui s'inquiètent du devenir arabe tant cette perspective est fragile. Il a suffi d'une rencontre de football pour que le naturel revienne au galop et pour que le leader putatif du monde arabe se sente menacé et humilié par une défaite sportive. Il aura fallu donc une rencontre de football pour que l'Egypte officielle soit mise à nu face à un monde arabe déjà éclaté, déchiré, sans repère, sans idéal, sans projet commun consistant. L'establishment cairote s'acharne sur l'Algérie et appelle à l'exclure de la Ligue arabe, des différentes organisations professionnelles panarabes siégeant au Caire, parce que aux yeux de cette oligarchie égyptienne coupée du peuple égyptien, c'est l'Algérie qui est l'ennemi et non Israël, non le sous-développement. La vraie nature du régime égyptien a pourtant été manifeste lors de l'agression israélienne contre Ghaza lorsque le peuple égyptien a manifesté sa colère et a été empêché de s'approcher de l'ambassade d'Israël au Caire contrairement à la facilité avec laquelle l'ambassade d'Algérie a été attaquée. Le monde arabe que l'Egypte ne sait défendre qu'avec des mots creux et des discours pompeux, aurait aimé voir les chaînes de télévision cairotes dénoncer l'agression contre Ghaza avec la même verve, avec la même passion, avec la même haine contre Israël que celles qu'elles ont déversées sur l'Algérie, son peuple, ses symboles, ses institutions et son histoire. Il aura fallu une défaite sportive pour que l'Egypte reconnaisse implicitement qu'elle détient le monopole de l'arabité et de la Ligue arabe qu'elle gère comme une annexe de la présidence égyptienne puisqu'elle est mise au service exclusif de l'Egypte. En dépit de toute la haine que nourrit le sommet de la pyramide égyptienne à l'égard de l'Algérie, cette dernière est restée sereine et s'est interdit toute déclaration irréfléchie de nature à envenimer une crise latente que l'Egypte officielle et celle des bachas souhaite de tout cœur. Le souci de l'Algérie reste l'intérêt suprême d'une région soumise à toutes les pressions politique, économique, sécuritaire et idéologique et dont les maillons faibles comme la Palestine et l'Irak, en paient le prix fort. L'Algérie ne peut se défaire de ses engagements solennels en raison de la folie d'un régime aux abois, en raison des porte-voix de la haine et de la discorde propre aux régimes en perte de vitesse. L'Algérie restera donc plus que jamais solidaire des causes arabes justes d'autant plus que de Casablanca à Dubai, des Arabes ont salué la victoire sans tache des Fennecs et ont manifesté leur joie de voir l'Algérie les représenter à Johannesburg. Au-delà de ce fait indéniable, la politique ne doit pas impliquer le sport dans ses méandres et arcanes au risque d'en travestir l'esprit comme ce fut le cas au Caire. L'espace arabe, s'il doit être construit sur des assises solides, doit être fait sans instrumentaliser le sport et ses valeurs universelles. Mais avant tout pas dans le sens d'un espace arabe solidaire, les Arabes sont appelés à remettre sérieusement de l'ordre dans leur maison souillée par le fanatisme, le chauvinisme et le narcissisme d'un régime acculé. A. G.