Photo : S. Zoheir De notre correspondant à Tizi Ouzou Malik Boumati La récente épopée de l'équipe nationale lors des éliminatoires jumelées Coupe d'Afrique-Mondial 2010 a été l'occasion pour beaucoup d'artistes d'enregistrer des chansons à la gloire des Verts. Mais au lendemain de l'avant-dernier match du groupe C ayant opposé la sélection nationale à celle du Rwanda, de la campagne hystérique lancée par les médias égyptiens contre l'Algérie, des «tubes» s'attaquant à l'équipe égyptienne ont fleuri et seront vite adoptés par les millions de supporters de Ziani et de ses coéquipiers. Il est vrai que la qualité des textes de ces chansons laissent à désirer mais les fans des Verts, particulièrement après la lâche agression subie par notre équipe nationale et nos supporters en terre égyptienne, n'avaient cure de la qualité des textes ni de celle de la composition musicale. L'essentiel est d'avoir des chansons comme slogans pour soutenir l'équipe nationale dans sa quête de qualification au Mondial sud-africain et exorciser la rage qui les rongeait suite une campagne anti-algérienne orchestrée de façon éhontée par les médias et les politiques du Nil. Donc, pour les millions de supporters de l'équipe nationale, il est hors de question de s'attarder sur la volonté de ces artistes, dont certains n'ont d'artistes que le nom, de gagner de l'argent sur le dos de l'équipe nationale et de ses supporters remontés contre les Pharaons, devenus le temps d'une rencontre de football, des chats minuscules sans envergure. Pourtant, entre les artistes et le sport, particulièrement le football, il existe une vieille et belle relation et ce, dans plusieurs contrées du pays. Bien entendu, la wilaya de Tizi Ouzou et toute la région de Kabylie ont vécu et continuent de vivre cette belle histoire entre la chanson et le football. Le plus bel épisode de cette histoire est bien cette chanson du poète Lounis Aït Menguellet à la gloire du club de la région, la Jeunesse sportive de Kabylie, dans laquelle il appelle, avec toute la sagesse qu'on lui connaît, les supporters des Canaris à soutenir leur club dans toutes les circonstances, qu'il perde ou qu'il gagne. Le chantre de l'amazighité, Lounes Matoub, avait également chanté son club préféré mais à sa manière. La connotation politique dans les textes de Matoub chantant la JSK est concrète, ce club ayant toujours été le porte-flambeau de la revendication amazighe. Avec son légendaire franc-parler et sa virulence à l'égard du pouvoir négateur de l'amazighité, le Rebelle ne manquera aucun épisode du beau feuilleton du club le plus prestigieux et le plus titré d'Algérie, et ce, jusqu'à son assassinat en ce jour fatidique du 25 juin 1998. Le poète disparu s'est même élevé dans l'une de ses chansons contre le changement du nom du club du Djurdjura, de la JSK à la JET au début des années quatre-vingt. De nombreux autres artistes kabyles ont chanté la gloire de la JSK, de ses joueurs et même ses anciens dirigeants. Avec des mots simples et beaux et avec de belles musiques, ils ont tenu à rendre hommage à l'équipe kabyle de toutes les générations et à exprimer ainsi leur reconnaissance pour le travail accompli depuis la naissance du club en 1946. Parmi ces artistes, connus et reconnus, on peut citer Lounes Kheloui, Kamel Raïah et le défunt Mohand Saïd Oubelaïd. On peut également citer d'autres artistes qui ont chanté la JSK avec des textes légers et une musique rythmée destinée beaucoup plus à la galerie du club du Djurdjura qu'aux foyers kabyles. Ceux-là, comme les artistes qui ont pondu récemment et en un temps record des chansons à la gloire des Verts, n'ont pas pris beaucoup de leur temps pour écrire leurs textes. Bien entendu, cela n'enlève en rien à la beauté de l'histoire écrite entre la JSK et ses artistes depuis de longues années.