Photo : S. Zoheir Par Fella Bouredji Tipasa a été enlevée de la liste du patrimoine en péril en 2005, lorsque des experts du Comité du patrimoine mondial ont jugé que les autorités algériennes avaient bien joué le jeu de la réhabilitation. Cela dit, les négociations se poursuivent. Car, si la majorité des réserves ont été levées, il en reste une toujours en attente. Pourquoi le site de Tipasa, classé patrimoine mondial en 1982, a-t-il été sévèrement montré du doigt en 2000, jusqu'à finir sur la liste du patrimoine en péril en 2002 ? Comment en est-il sorti ? Et quelles sont les réserves restantes ? Pour répondre à ces interrogations, direction le ministère de la Culture, où la directrice de la protection légale des biens culturels, Rachida Zadam, lèvera le voile sur les divers paramètres de cette problématique. C'est dans le cadre des évaluations périodiques qui avaient lieu tous les six ans dans une région du monde que les experts du Comité du patrimoine mondial ont établi en 2000 ce fameux rapport qui a fait passer des heures sombres aux responsables du site de Tipasa. Rachida Zadam explique : «Il s'agissait d'un rapport qui ne prenait pas en compte les mêmes délimitations que celles identifiées en 1982. Et cette confusion dans la délimitation a été à l'origine des divergences entre les avis des autorités algériennes et des experts de l'Unesco.» Et si ce n'était que ça ! Le rapport est allé en fait beaucoup plus loin en mettant en exergue des actes de vandalisme, une absence de plan de gestion du site, des atteintes au patrimoine et des problèmes de canalisation et d'évacuation des eaux usées qui traversaient le parc archéologique mais aussi la présence d'indus occupants à l'intérieur même du site. Face à ce rapport sévère et précis, les autorités algériennes ont tenté de se défendre. Comme premier argument, elles brandiront la problématique de la délimitation du site. Selon les explications de Rachida Zadam, le rapport a été établi sur tout Tipasa et non sur les deux sites censés être concernés par le classement mondial, à savoir la Sainte Salsa et le parc archéologique. Concernant les actes de vandalisme et d'indus occupants, le ministère en charge du dossier tiendra tête aux représentants de l'Unesco en assurant que ces habitants qui occupaient les lieux et qui y étaient installés avant même le classement participaient à la préservation du site. Mais toutes ces négociations ont presque été vaines. Car bon gré mal gré, le rapport et les exigences du comité mondial du patrimoine ont dû être respectés. L'Algérie a mis le pied à l'étrier et a répondu aux appels de l'Unesco. Les 79 familles qui occupaient le site ont été relogées. L'assainissement du site et le lancement d'une station d'épuration ont été entrepris. Quant au plan de gestion qui était, selon les experts du comité, inexistant est bien le point sur lequel les négociations se poursuivent. Un plan de gestion élaboré avec l'intervention d'experts de l'Unesco a été proposé au comité l'an dernier mais il n'a pas été approuvé et il leur a été clairement signifié de le revoir. Les négociations concernant ce fameux plan se poursuivent mais un grand soulagement se fait sentir tout de même en Algérie du fait que Tipasa ait quitté la liste du patrimoine en péril.