Photo : S. Zoheir Par Hassan Gherab Tipasa, Timgad, Djemila, les casbahs, les ksour, les palais et les mosquées antiques, les gravures et peintures rupestres, les mausolées, les arts populaires, les métiers artisanaux, la gastronomie, les tenues vestimentaires, les chants et poésies… la liste est bien loin d'être exhaustive tant les richesses patrimoniales, matérielles et immatérielles, de l'Algérie sont nombreuses et diverses. Les lister et les énumérer l'une après l'autre n'est d'ailleurs pas notre objectif. C'est à titre indicatif que ces sites et objets patrimoniaux sont cités pour donner un aperçu de cette richesse dont une bonne partie attend toujours d'être restaurée, réhabilitée, préservée, mise en valeur et exploitée de manière optimale, mais toutefois judicieuse. Mais si la restauration et la réhabilitation reviennent de fait au ministère de la Culture, ce n'est pas le cas de la préservation, de la mise en valeur et encore moins de l'exploitation, qui, elles, concernent, en plus de ce ministère évidemment, d'autres institutions et acteurs qui devraient s'impliquer pour sensibiliser les citoyens à la nécessité et à l'importance de préserver le patrimoine, de le mettre en valeur, de le protéger et enfin de l'exploiter en promouvant le tourisme culturel. Sinon à quoi cela servirait-il de restaurer et de réhabiliter des sites et objets patrimoniaux s'ils devaient, quelques années après, dépérir parce qu'on n'a rien fait pour les garder en l'état et les fructifier ?Le patrimoine est, certes, défini comme étant l'objet pour lequel on est prêt à tout sacrifier pour ne pas le sacrifier. Mais à continuer à restaurer à grand renfort d'argent et d'efforts sans rien entreprendre pour préserver et exploiter, on ne fera que tout sacrifier pour le patrimoine avant de finir par le sacrifier aussi. Car l'Etat ne peut indéfiniment débourser pour restaurer des sites qui sont délaissés par la suite. Quand bien même il serait prêt à le faire, un objet patrimonial ne peut matériellement supporter des restaurations successives et finira par être détruit. Aussi, l'exploitation, scientifique et touristique, du patrimoine se pose-t-elle comme une exigence, car elle assurera une rentrée d'argent dont une partie doit aller à la préservation du site ou de l'objet. Et cette mission incombe aux ministères du Tourisme et de la Recherche scientifique qui doivent travailler en étroite collaboration avec le ministère de la Culture. Les institutions chargées de la sécurité ainsi que les associations ont aussi leur part dans la sensibilisation et la protection des richesses patrimoniales ainsi que la sécurisation des sites (la sécurité est la condition sine qua non pour la relance du tourisme). Il est vrai que la police comme la Gendarmerie nationale et les Douanes algériennes ont mis en place des brigades spécialisées dans la protection du patrimoine. Les actions contre le vol et le trafic de pièces archéologiques sont d'ailleurs à saluer, mais c'est bien insuffisant, car l'autre ennemi, le vandalisme, échappe à ces brigades et ne peut être neutralié que par l'implication des autorités locales et des associations -que l'Administration doit soutenir- qui ont un rôle important à jouer dans la sensibilisation des citoyens. Ce sont là les nvestissements que l'Algérie devra consentir pour pouvoir prétendre exploiter cette mine d'or qu'est le patrimoine. Et ça sera tout bénef, car il y aura des gains à récolter en bout de course, qui pourraient même s'apparenter à de l'or en barre. Les exemples de pays dont les économies reposent en partie sur le tourisme sont légion. Nous en avons deux pour voisins.