Plus d'un mois après les recommandations de la Haute autorité de santé (HAS) en faveur d'un dépistage généralisé du VIH, deux chercheurs vont dans le même sens dans un rapport, plaidant également pour une prévention massive.Selon l'Institut de veille sanitaire (InVS), environ 6 500 personnes ont découvert leur séropositivité en 2008, un chiffre stable par rapport à l'année précédente.Dans leur rapport «Prévention et réduction des risques dans les groupes à hauts risques», remis vendredi dernier au ministère de la Santé, France Lert, chercheuse à l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) et le Pr Gilles Pialoux, chef du service des maladies infectieuses à l'hôpital Tenon de Paris, plaident pour une réduction du «poids collectif de l'infection VIH» et pour une diminution du «risque individuel». «L'objectif réaliste n'est donc pas d'éradiquer l'infection VIH ni de réduire à zéro au niveau populationnel les risques d'être infecté ou de transmettre le VIH», observent-ils, précisant que leur rapport «s'inscrit dans une approche de réduction des risques». Avec cette «notion de prévention combinée», il s'agit d'«offrir à chacun la possibilité d'utiliser plus de moyens, de s'appuyer sur un système plus robuste et de se donner plus de chances d'être protégé et de protéger les autres», soulignent Mme Lert et le Pr Pialoux. Le 21 octobre dernier, la Haute autorité de santé avait recommandé de proposer le test de dépistage à l'ensemble de la population âgée de 15 à 70 ans, ainsi que la pratique d'un test régulier pour les groupes dits à risques. Selon la HAS, on estime ainsi à 40 000 le nombre de Français ignorant leur séropositivité. Les chercheurs demandent que ces recommandations «soient mises en œuvre le plus rapidement possible». Pour France Lert et Gilles Pialoux, la prévention doit en outre être une «priorité absolue et urgente» pour l'une des catégories les plus à risques, les hommes ayant des rapports sexuels homosexuels. «Tous les moyens utiles» doivent être mis en œuvre «pour augmenter le niveau de prévention dans cette population», notent-ils. Le préservatif «reste le socle de la prévention du VIH», mais ils citent également les dépistages et la prise d'un traitement après un rapport à risques. Le rapport Lert-Pialoux préconise enfin la création de centres de santé sexuelle pour les lesbiennes, gays, bisexuels et transexuels (LGBT). Il se fonde sur «le constat de l'insuffisance d'accès aux soins nécessaires pour les personnes trans et les hommes ayant des rapports homosexuels faute de connaissance de la part des professionnels, faute de services et de professionnels capables de réaliser les actes nécessaires ou encore en raison d'attitudes négatives ou du simple malaise des professionnels de santé face aux personnes LGBT», souligne-t-il. A. P.