La 18ème conférence internationale sur le sida s'ouvrira demain à Vienne (Autriche) avec la participation de plus de 20 000 chercheurs, médecins et membres d'associations, ont rapporté des agences de presse. Pour cette rencontre scientifique d'envergure, qui se tiendra du 18 au 23 juillet à Vienne, la Société internationale du sida (IAS) a choisi pour thème «Des droits ici et maintenant» pour débattre et examiner les nouvelles pistes prometteuses pour lutter contre la maladie qui touche deux millions de morts par an dans le monde et a fait 25 millions de morts depuis son apparition. Les organisateurs de la réunion estiment que le respect des droits de l'Homme (accès égal aux soins de santé et à la prévention, non-discrimination) constitue la base même de la réponse adéquate à cette pandémie. Pour le programme commun des Nations unies sur le sida (Onusida), il s'agit de réduire de 1 million par an les nouvelles infections et éviter 10 millions de décès d'ici 2025. Le responsable de l'Onusida, Michel Sidibé, a fait savoir que le dépistage (volontaire) qui serait offert à tous et un traitement proposé à tous les séropositifs, sera abordé lors de la rencontre, de même que la circoncision, qui protège partiellement les hommes, des microbicides, qui pourraient un jour protéger les femmes. Selon une analyse publiée dans la revue Science, 25 milliards de dollars sont nécessaires pour contrecarrer cette maladie dans les pays pauvres, alors que l'on signale un déficit de 11,3 milliards. Les questions de coût, crise financière et lassitude des donneurs aidant, sont lourdes. Le président de la société internationale sur le sida (IAS), Julio Montaner, a appelé les pays riches à tenir leur engagement pris par le G8 en 2005, avant la crise financière qui consiste à financer l'accès universel aux traitements contre le sida. Un tiers seulement des besoins sont couverts, avec 5 millions de personnes concernées et 10 millions en attente, selon le dernier rapport de l'Onusida publié en 2009 et portant sur l'année 2008. L'agence onusienne a avancé un chiffre de 2,7 millions de personnes affectés par le virus du sida en 2008, avec une baisse de 17% depuis 2001. Optimiser la couverture du traitement du VIH pourrait permettre aussi de réduire les cas de tuberculose, maladie qui infecte un tiers des séropositifs. Des avancées prometteuses Après vingt ans d'échecs, la quête pour un vaccin antisida efficace connaît des avancées importantes qui «rend beaucoup plus confiant» de pouvoir vaincre l'infection, a indiqué Anthony Fauci, patron de l'Institut américain des maladies infectieuses. «Je pense que nous pouvons dire honnêtement que des progrès significatifs ont été faits dans le développement d'un vaccin», a-t-il déclaré, citant la récente découverte de deux puissants anticorps par des chercheurs de son institut, l'Institut national américain des allergies et des maladies infectieuses (NIAID), à la pointe du combat contre le sida. «Jusqu'à récemment, non seulement les efforts pour produire un vaccin ont été infructueux, mais nous n'avions pas le moindre indice qui montrait que nous étions sur la bonne voie», poursuit-il. «Nous avancions quasiment en aveugle, en espérant être chanceux», avoue cet infectiologue qui prendra part à la rencontre de Vienne. Selon lui, «tout a commencé à changer avec les résultats d'un essai clinique d'un vaccin expérimental en Thaïlande en 2009 sur 16 000 personnes». «Le test a montré un effet positif modeste pour empêcher l'infection avec le virus de l'immunodéficience humaine [VIH]», ajoute-t-il. Bien qu'insuffisamment efficace, «ce vaccin a marqué une avancée conceptuelle qui nous a montré qu'il est possible d'en produire un, capable de bloquer le VIH», a révélé le Dr Fauci. Ce virus est une cible difficile car il mute rapidement. Puis, il y a quelques jours, ajoute-t-il, «des chercheurs du NIAID ont publié dans la revue américaine Science une recherche très intéressante et potentiellement importante». «Ces travaux ont permis d'identifier deux anticorps chez un seul individu infecté qui, ensemble, bloquent en laboratoire plus de 90% des souches de VIH connues dans le monde», précise le directeur du NIAID. «Cette découverte nous a permis d'isoler la partie [stable, ndlr] du VIH que nous pouvons utiliser comme vaccin car nous savons que ces anticorps s'y attachent toujours et bloquent le virus», explique t-il avant d'ajouter que «le prochain objectif est d'essayer d'injecter un extrait de cette partie du virus chez des personnes sous forme de vaccin pour provoquer une réponse immunitaire protectrice contre l'infection». Selon lui, «tous ces développements sont très récents. Donc, même s'il est impossible de savoir quand nous aurons un vaccin, nous sommes beaucoup plus confiants qu'il y a encore quelques années, où rien n'indiquait que la découverte d'un vaccin soit possible», a-t-il enfin estimé. R. S.