De notre correspondant à Oran Mohamed Ouanezar Les répercussions des graves incidents qui ont résulté du match de qualification au Mondial sud-africain continuent d'inciter à la méditation chez les Egyptiens. Les colonnes des divers titres de la presse écrite locale affluent dans le sens d'une critique généralisée de la gestion hasardeuse et grave de ce qui est convenu d'appeler «l'affaire Algérie». Dans leur grande majorité, les écrits de presse versent dans la critique du pouvoir égyptien et des deux enfants Moubarak accusés d'avoir fomenté toute cette affaire pour détourner l'opinion publique égyptienne de ce qui est plus important. L'analyse du renommé journaliste et écrivain égyptien qui vient d'écrire un article dans les colonnes d'El Ahram, intitulé «Les dix erreurs de l'Egypte», illustre cette tendance du retour des Egyptiens à la réalité. Il s'agit de notre confrère Houidi Fahmi, qui a énuméré dans un long article les failles de gestion des incidents ayant résulté des deux matches opposant les équipes algérienne et égyptienne. En premier lieu, Fahmi reproche aux Egyptiens d'avoir «transformé un simple match en une affaire nationale... Ce qui a été véhiculé et dit n'était pas la position de la presse sportive et les médias égyptiens mais plutôt la position officielle d'un Etat, un Etat qui auraient mieux fait de s'intéresser aux problèmes des ordures du Caire et El Jiza ainsi que les problèmes de MTH dues aux infiltrations des eaux usées dans les réseaux d'alimentation en eau potable». En deuxième lieu, les médias et le pouvoir ont fait en sorte que le match devienne une affaire de dignité entre deux peuples en mettant de côté l'héritage commun et la mémoire collective des peuples algériens et égyptiens. En troisième lieu, il mettra au pied du mur les médias égyptiens, y compris les médias officiels, accusés de manipulation des événements, notamment ceux de Khartoum, pendant que les télévisions officielles algériennes observaient un silence total. Il accusera «les médias et les officiels d'avoir caché de manière ridicule la vérité sur les incidents du Caire, en tentant de les minimiser et d'accuser les joueurs de les avoir fomenté». Il abordera également le cas des 31 blessés parmi les supporters algériens que le ministère de la santé égyptien avait signalé au Caire. Il reprochera en quatrième lieu au pouvoir et aux officiels d'avoir laissé les médias traiter cette affaire à leur guise et à leur manière. Houidi Fahmi n'omet pas de s'en prendre à Alaa Moubarek accusé de subjectivité dans le traitement de cette affaire en avançant sans retenue ni sagesse que «les Algériens vouent une haine sans pareil aux Egyptiens». Septième erreur, les médias égyptiens ont ensuite pris le relais en élargissant cette thèse à «l'ensemble des pays de la région sous prétexte que les arabes haïssent les Egyptiens... Si les Américains ont avancé la même thèse à l'égard des musulmans après les événements du 11 septembre et continuent toujours d'être influents dans le monde, l'Egypte, elle, ne peut rien présenter comme alternative. Son poids politique au sein du monde arabe est en perte de vitesse depuis des décennies et n'a aucun avenir dans la région. Cette thèse ne convainc personne...», écrit-il. En huitième point, il critiquera encore le successeur potentiel de son père, Alaa Moubarek, pour son reniement de l'appartenance de l'Egypte à la nation arabe. «Alaa Moubarek n'a aucun sens de la responsabilité», poursuit-il. Il évoquera également «le complexe de supériorité de cette Egypte qui s'est adressée aux Algériens et au reste du monde arabe. Une Egypte hautaine et altière». Dans le dixième et dernier point, l'auteur de l'article estimera que «l'Egypte s'est rabaissée à ses plus bas niveaux et s'est laissée apparaître très petite aux yeux du monde. Notre équipe était grande, a joué comme il le faut et elle a perdu....». L'article a aussitôt enflammé les sites de tchatche et autres blogs où l'on pouvait toucher ce fanatisme égyptien tapi au fond de chaque descendant de la civilisation des pharaons.