Le Maroc ne veut pas reculer sur sa décision d'interdire à la militante des droits de l'Homme Aminatou Haidar le retour à son pays, occupé par les Marocains depuis 1975. L'avion espagnol qui devait ramener, vendredi dernier en soirée, la militante sahraouie à El Ayoun au Sahara occidental n'a pas décollé de l'aéroport de Lanzarote, dans les îles Canaries. Le Maroc interdit toujours son atterrissage dans cette ville sahraouie occupée, après lui en avoir donné dans un premier temps l'autorisation, a précisé dans la soirée le porte-parole du ministère espagnol des Affaires étrangères. «Le Maroc avait donné son autorisation pour le vol d'un avion médicalisé qui devait ramener Haidar à El Ayoun, mais un contre-ordre a suspendu le décollage de l'avion», a ajouté cette source. «Le ministère espagnol des Affaires étrangères avait obtenu des autorités marocaines un permis de survol de l'espace aérien marocain pour que Haidar puisse retourner chez elle avec un sauf-conduit», puisque son passeport lui a été confisqué avant d'être expulsée vers Lanzarote le 14 novembre dernier, a-t-on encore ajouté. «Mais, au dernier moment, le Maroc a donné un contre-ordre», a expliqué le porte-parole du ministère espagnol des Affaires étrangères. Le prix Nobel de littérature, le portugais José Saramago, avait précédemment qualifié de «cruauté incroyable» la réaction du gouvernement marocain au sujet de la situation de la militante sahraouie des droits de l'Homme, Aminatou Haidar, qui est à son 19e jour de grève de la faim pour réclamer son retour à El Ayoun occupée, d'où elle a été illégalement expulsée vers l'île de Lanzarote aux Canaries par les autorités d'occupation marocaines. Saramango a relevé la «détermination hors du commun» d'Aminatou Haidar et a souligné que «le fait de l'avoir poussée à cette situation laisse à penser que la capacité de mépris pour la nature humaine est infinie dans la cruauté de certains», en référence du gouvernement marocain. Le président sahraoui a, quant à lui, adressé, vendredi dernier, une lettre au président de la Commission de l'Union africaine (UA), M. Jean Ping, l'appelant à assumer ses responsabilités quant à la défense des droits de l'Homme au Sahara occidental. Dans sa lettre, le président sahraoui a informé le responsable africain sur la situation de la militante sahraouie Aminatou Haidar, appelant l'Union africaine à faire pression sur le Maroc afin de lui permettre de retourner dans son pays conformément au droit humain international. Le président Mohamed Abdelaziz a également affirmé que l'UA est tenue de protéger les droits humains au Sahara occidental conformément aux principes fondamentaux de sa charte qui soulignent la responsabilité de l'organisation africaine quant à la préservation de la dignité et du bien-être des populations africaines dans tous les pays membres. Hier, c'était au tour du représentant sahraoui à la MINURSO de dénoncer «la sévérité et l'entêtement des autorités coloniales». Aminatou Haidar avait cessé la grève de la faim illimitée qu'elle observait depuis 19 jours consécutifs à l'aéroport de Lanzarote juste avant l'annonce de son départ imminent et s'apprêtait à rentrer chez elle, hier soir, à El Ayoun occupée, auprès de sa famille, à bord d'un avion médicalisé. Elle devait être accompagnée d'un médecin, du directeur de cabinet du ministère espagnol des Affaires étrangères, Agustin Santos et de l'avocate Ines Miranda. Rappelons que Aminatou Haidar, considérée comme la «Gandhi sahraouie» pour sa lutte pacifique en faveur des droits de l'Homme et pour l'exercice du droit sahraoui à l'autodétermination au Sahara occidental, a été arrêtée le 13 novembre à El Ayoun occupée, à son retour de New York où elle avait reçu le «Prix du Courage civil» décerné par la Fondation John-Train. Elle a entamé le 16 novembre une grève de la faim illimitée à l'intérieur même de l'aéroport de Lanzarote pour réclamer son retour chez elle et la restitution de son passeport, confisqué par les autorités marocaines. Pour son action en faveur de la liberté et de la dignité humaine, pour sa résistance pacifique au Sahara occidental, elle a reçu le prix espagnol Juan-Maria Bandres 2006, le prix autrichien Silver Rose 2007 et le prix américain Robert F. Kennedy 2008, tout en étant lauréate du prix Andrei Sakharov du Parlement européen en 2005 et du prix Ginetta Sagan d'Amnesty International de la section des Etats-Unis. G. H.