Les organisations non gouvernementales de défense des droits de l'homme continuent à faire pression sur le Maroc pour accéder au vœu d'Aminatou Haidar de retourner auprès de sa famille au Sahara occidental, tandis que l'ONU ne cache plus sa préoccupation quant au sort de la militante sahraouie. “Je suis cette affaire (...). Je suis particulièrement préoccupée pour la santé” de Mme Haidar, a déclaré la haut-commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Navi Pillay, durant une conférence de presse à Genève, tout en se disant “espérer une solution rapide”. La responsable onusienne à défendu le “droit au retour” au Sahara occidental de la militante sahraouie Haidar, qui a observé hier son 24e jour de grève de la faim à l'aéroport espagnol de Lanzarote pour protester contre son expulsion par le Maroc le 14 novembre. “J'en appelle au droit d'Aminatou de retourner dans son pays”, a affirmé Navi Pillay, qui emboîte le pas au secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, qui avait réitéré lundi soir l'appel lancé la semaine dernière à l'Espagne et au Maroc par le haut-commissaire de l'ONU aux réfugiés pour qu'”ils envisagent toute mesure qui puisse faciliter une résolution du problème et mettre fin à l'impasse actuelle”. La militante sahraouie, qui accuse le Maroc d'avoir “violé le Pacte des droits politiques et civils” de l'ONU, dont l'article 12 stipulant que “nul ne peut être arbitrairement privé du droit d'entrer dans son propre pays”, “ira jusqu'à la mort, c'est certain. La famille ne va pas intervenir”, a assuré son compagnon, Bachir Lekhfawni, dans des déclarations au journal espagnol ABC. Revenant à la charge, le sénateur américain Patrick Leahy a appelé de nouveau le Maroc à reconsidérer sa position “obstinée”concernant le retour de la militante sahraouie Aminatou Haidar dans son pays occupé et la restitution de son passeport sans conditions pour résoudre cette question. L'insistance du sénateur américain devant le Congrès intervient “compte tenu de la situation grave (...) que constitue (la position marocaine) sur les efforts déployés pour entreprendre des négociations de bonne foi sur l'avenir du Sahara occidental”. “Le Maroc est un ami et allié des Etats-Unis et le fait de déchoir Aminatou Haidar de sa nationalité et l'exiler de force n'est pas conforme aux chartes universelles des droits de l'homme ratifiées par le Maroc lui-même”, a dit M. Leahy. Il s'est, par ailleurs, interrogé si l'exil de Mme Haidar, la détention des sept activistes des droits de l'homme et les “violations” marocaines des droits de l'Homme au Sahara occidental ne signifiaient pas qu'“il est nécessaire pour les Nations unies d'élargir les prérogatives de la Minurso (Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental) pour y inclure la protection des droits de l'homme. Le département d'Etat devrait envisager la révision de cette question au moment de l'examen de la prorogation du mandat de la Minurso en avril prochain”, a-t-il souligné. Le Réseau euro-méditerranéen des droits de l'homme (Remdh) a exprimé mardi sa “profonde préoccupation” à l'égard de la situation de Mme Aminatou Haidar et “prie la Commission européenne ainsi que la présidence suédoise de l'Union européenne de s'impliquer avec détermination afin d'aider à résoudre la crise au plus vite”. Elle rappelle que la militante des droits de l'homme, empêchée par le gouvernement marocain de retourner à El-Ayoune, est retenue illégalement en Espagne et en grève de la faim depuis plus de trois semaines. De son côté, la presse espagnole a fustigé mardi le chantage exercé par le Maroc sur l'Espagne dans l'affaire Aminatou Haidar, la militante sahraouie. “Dans un exercice, aussi cynique que surréaliste, le Maroc menace l'Espagne de changer sa politique d'immigration à cause de “l'empoisonnement” des relations bilatérales suite à cette affaire”, écrit le quotidien madrilène El Mundo dans son éditorial sous le titre : “Il est temps de remettre le Maroc à sa place”. Le journal souligne que cette “intolérable menace” du Maroc, qui “ne surprend pas” au demeurant, “répond au même modèle propre à tous les régimes despotiques qui, en plus d'être constamment installés dans la paranoïa, croient qu'il n'y a pas de meilleure défense que l'attaque”. Aussi, El Mundo suggère au gouvernement espagnol “d'amorcer un virage de 180° à la manière avec laquelle il est en train de gérer cette crise, dont dépend une vie humaine et passer immédiatement à une offensive diplomatique ferme”. Enfin, le président sahraoui, Mohamed Abdelaziz, a appelé le président français, Nicolas Sarkozy, à intervenir auprès du Maroc pour sauver la vie de la militante sahraouie Mme Aminatou Haidar. “La Gandhi sahraouie ne peut être laissée mourir à petit feu sur un territoire européen”, écrit le président sahraoui dans une lettre adressée au président français qu'il a appelé à “intervenir auprès du Maroc pour lui permettre de retourner dans son pays et retrouver ses deux enfants à El-Ayoune”, a indiqué hier l'Agence de presse sahraouie (SPS).